Androcur : faut-il avoir peur de ce médicament ?
Emmanuelle a développé cinq méningiomes à la suite d'une prise prolongée d'Androcur, un traitement hormonal qui lui a été prescrit pour lutter contre l'endométriose. L'une de ces tumeurs cérébrales (non cancéreuse) a dû être retirée chirurgicalement. Elle a dû suivre une rééducation pendant plusieurs mois pour retrouver la parole après cette opération.
De nombreuses patientes se sont vues prescrire ce traitement hormonal en dehors de ses indications officielles qui sont l'hirsutisme (excès de pilosité) et pour les hommes, certains cancers de la prostate. L'Androcur est très utilisé notamment pour lutter contre l'acné ou comme contraceptif.
C'est le Pr Sébastien Froelich, neurochirurgien à l'hôpital Lariboisière (AP-HP) qui a été le premier à donner l'alerte sur les dangers de l'Androcur, il y a dix ans. Il vient d'achever une étude de grande ampleur qui montre que la prise de ce médicament multiplie par sept le risque de méningiome chez les femmes traitées à fortes doses (plus de 3 g sur une période de six mois). Chez les patientes très fortement exposées (25 mg par jour pendant dix ans ou 50 mg par jour pendant cinq ans), le risque est multiplié par vingt. Le spécialiste explique que si un méningiome est diagnostiqué, il faut arrêter le traitement, ce qui généralement entraîne une stabilisation voire une régression de la tumeur.
L'Agence du médicament (Ansm) rappelle que le risque de méningiome associé à ce médicament est connu depuis plusieurs années. Il est clairement mentionné dans la notice destinée aux professionnels de santé. Mais Dominique Martin, directeur général de l'Ansm, reconnaît que ce risque a été sous-estimé par beaucoup de praticiens. Les autorités sanitaires devraient bientôt faire des recommandations officielles sur la prise en charge et le suivi des patientes exposées à l'Androcur à fortes doses.
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