Décès d'adolescents liés à la codéine : "Je ne comprends pas l’hypocrisie autour de ces médicaments" témoigne la mère d'une victime
La mère d'une adolescente décédée d'une surdose de codéine en mai dernier appelle les pouvoirs publics, sur franceinfo vendredi, à prendre la mesure du risque des médicaments vendus sans ordonnance.
Deux adolescents sont morts depuis le début de l’année après une surdose de codéine, médicament antidouleur vendu sans ordonnance en pharmacie et dont l'usage est détourné en drogue. Parmi les victimes, Pauline, 16 ans, originaire de Beynes, dans les Yvelines, décédée le 2 mai dernier après dix jours de coma. L'autopsie a révélé une "dose supra-toxique de codéine". Sa mère, Christelle Cébo, a retrouvé auprès de sa fille inanimée, un tryptique fatal constitué de Paderyl, Klipal et Tramadol. Pour ce dernier médicament, une prescription est nécessaire. Au-delà de sa douleur, Christelle Cébo veut alerter les pouvoirs publics sur la vente trop facile de certains médicaments.
franceinfo : un samedi matin, vous n'avez pas réussi à réveiller votre fille, que s'est-il passé ensuite ?
Christelle Cébo : Mon mari a pratiqué des gestes de réanimation. Les pompiers et le Samu sont arrivés très vite. Pauline était en arrêt cardio-respiratoire. Le médecin a été assez pessimiste sur l’issue de la réanimation. On a trouvé dans sa chambre des médicaments à base de codéine. Le médecin du Samu a fait immédiatement le rapprochement. Nous n’avions absolument rien perçu de cette addiction. Quand votre enfant prend du cannabis, vous sentez l’odeur de la fumée. Quand votre enfant se drogue à la cocaïne ou à l’héroïne, vous voyez des marques de piqûres, alors que votre ado peut aller librement en pharmacie acheter une boîte de Codoliprane à 3,60 euros. Vous n’en saurez jamais rien, ça n’a pas de bruit, ça n’a pas d’odeur.
Comment expliquez-vous son geste ?
C’est une jeune fille qui avait un mal-être d’adolescente. Elle n’avait pas beaucoup de confiance en elle. Elle ne se trouvait pas jolie alors qu’elle était magnifique. On pense que lorsqu’elle avait une contrariété, ses médicaments étaient sa béquille pour faire face à la vie. C'était une très bonne élève, inscrite en première S, une jeune fille très épanouie qui adorait ses petites sœurs. Elle faisait beaucoup d’activités et n’était pas du tout renfermée. Je pense qu’elle a découvert l'action de la codéine sur internet, sur des forums. Quand j’étais à son chevet, j’ai fait des recherches et j’ai découvert de nombreux sites qui vous montrent comment extraire la codéine de médicaments. On peut tout savoir.
Quel est votre message aujourd'hui ?
Depuis 2011, il y a des alertes de l’Agence nationale de la santé et du médicament (ANSM) sur les mauvais usages de ces médicaments par des jeunes. Je ne sais pas pourquoi ils continuent à être en vente libre. Mon ado est allée en pharmacie acheter ces médicaments. Je ne comprends pas l’hypocrisie totale autour de ces médicaments. Je demande qu’ils soient vendus sur prescription médicale. On va attendre combien de décès d'adolescents ou de jeunes adultes avant d'agir ?
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