Dosage du paracétamol : un quart des pharmacies serait de très mauvais conseil
En novembre, des membres l'association l’UFC-Que choisir se sont rendus dans 772 pharmacies de 16 agglomérations françaises, pour acheter deux médicaments contre le rhume : Doliprane (1000 mg) et Actifed Rhume jour et nuit. Il est déconseillé d'associer les deux, puisqu'ils contiennent le même principe actif, du paracétamol.
Les pharmaciens, dans leur grande majorité, signalent cette information à leurs clients. "Dans 86% des cas, le dispensateur a bien mis en garde sur les dangers d'une association de ces deux produits", explique l'association dans un communiqué.
Mais sur le dosage à ne pas dépasser, à savoir 3 grammes de paracétamol par jour (voir encadré), le conseil est moins clair. La boîte d'Actifed Rhume jour et nuit fait prendre, au fil de la journée, quatre comprimés de 500 mg de paracétamol chacun, soit 2 g quotidiens, ce qui laisse peu de place pour y ajouter les comprimés de Doliprane les plus concentrés.
"54% des pharmacies ont conseillé une dose supérieure" à ces 3 grammes, a constaté l'UFC-Que choisir. "Pire, dans une officine sur quatre (24%), le dispensateur a conseillé un traitement aboutissant à des prises supérieures à 4 grammes par jour, soit des doses dangereuses pour la santé", soit en conseillant des doses nocives, soit en ne se dispensant pas de commentaire.
Une situation "complétement insatisfaisante" pour l'Ordre des pharmaciens
Alors que les risques associés à la prise de plus de 4 grammes de paracétamol quotidiens fait partie des connaissances de base que devraient communiquer tous les pharmaciens, l'UFC-Que choisir demande "qu'ils remplissent leur rôle tout simplement, ce pour quoi ils sont formés".
Interrogée par l’AFP, la présidente du Conseil de l'Ordre des pharmaciens, Carine Wolf-Thal, a déploré le constat dressé, jugeant la situation "complètement insatisfaisant[e]". "On se bat chaque jour pour améliorer le conseil", a-t-elle assuré "Jusque-là ce n'est qu'incitatif, donc c'est le moment de passer à la vitesse supérieure avec la démarche de certification des officines." Cette certification consiste à assurer par une norme ISO la "qualité" du conseil dispensé.
Le directeur des études de l'association, Mathieu Escot, a dit espérer que cette enquête aboutirait à "une prise de conscience": "qu'il ne s'agit pas simplement d'un problème de quelques brebis galeuses, mais plus un problème structurel", selon lui.
L'association plaide par ailleurs pour "la présence d'un encadré spécifique sur l'emballage des médicaments sans ordonnance, pour informer le consommateur sur les principales interactions et contre-indications". D'après elle, les Français ont dépensé l'an dernier 2,24 milliards d'euros en médicaments sans ordonnance (automédication).
avec AFP
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