Essai clinique "sauvage" : un neurologue, qui a lancé l'alerte, dénonce une "manipulation de patients en détresse"
Le professeur Philippe Damier avait lancé l'alerte il y a cinq mois après avoir entendu parler des travaux du professeur Joyeux, qui a mené des essais cliniques sur au moins 350 malades de Parkinson ou d'Alzheimer.
"Il y avait vraiment de la manipulation de patients en détresse", condamne vendredi 20 septembre sur France Inter le professeur Philippe Damier, président du Comité scientifique de France Parkinson, alors que l'Agence du médicament (ANSM) a interdit un essai clinique "sauvage" sur des malades de Parkinson ou d'Alzheimer après que le médecin a lancé l'alerte il y a cinq mois.
Le neurologue avait entendu parler des travaux du professeur Joyeux pour la première fois il y a deux ans, il les avait signalés alors sur le site de l'association France Parkinson, mais son inquiétude a grimpé en avril dernier après avoir parlé avec une collègue neurologue.
"Un de ses patients lui avait dit qu'on lui avait proposé de participer à un essai, et là on a eu la surprise, en interrogeant l'ANSM, de voir qu'il n'y avait aucun essai thérapeutique de déclaré", ce qui l'a conduit à lancé l'alerte, explique-t-il.
Un arrêt des traitements habituels était demandé
Selon Philippe Damier, les patients devaient en plus faire un don au fonds Josefa, géré par le professeur Henri Joyeux, pour pouvoir participer à cet essai. Et ils devaient promettre de ne rien dire à leur neurologue habituel et surtout arrêter leur traitement. Mais "l'arrêt brutal non contrôlé d'un traitement anti-parkinsonien peut entraîner des hyperthermies très graves", signale Philippe Damier.
Pendant cet essai illégal pratiqué dans une abbaye près de Poitiers, le professeur Joyeux a testé deux molécules aux effets inconnus sur au moins 350 personnes atteintes des maladies de Parkinson et d'Alzheimer via des patchs. L'ANSM a donc interdit cet essai "sauvage" et assure que le pôle Santé du parquet de Paris a été saisi.
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