Hausse des prix des médicaments sans ordonnance : les consommateurs doivent "faire jouer la concurrence", estime Familles Rurales

Le prix des médicaments sans ordonnance a encore augmenté. Les deux tiers des sites qui en vendent ne respectent pas la réglementation. C'est le résultat du baromètre annuel de l'association Familles Rurales.

En un an, ces médicaments ont connu une augmentation de 4,3%, c'est bien plus que l'inflation. Invité mardi 12 décembre sur franceinfo, Dominique Marmier, président de Familles Rurales, a demandé "aux consommateurs de bien faire attention aux prix pratiqués et de faire jouer la concurrence".

franceinfo : Quels sont ces médicaments sans ordonnance dont les prix ont beaucoup augmenté ?

Dominique Marmier : Il y a des écarts de prix qui sont très conséquents, ils vont de 1 à plus de 4. J'ai un exemple avec le Dacryum, qui est une solution oculaire. On peut trouver une boîte à 2 euros pour le prix le moins cher et jusqu'à 8,50 euros. Autre exemple avec le Nicopatch, qui est un produit qui aide à arrêter de fumer, à 13,90 euros pour la boîte la moins chère et jusqu'à 34,10 euros pour le prix le plus cher, donc 20 euros d'écart sur une boîte. Ce sont des écarts très significatifs. 

Régulièrement on discute avec l'Ordre des pharmaciens. On nous a donné quelques explications qu'on a du mal à comprendre.

Dominique Marmier, président de Familles Rurales

à franceinfo

Certaines pharmacies font partie des groupements d'achats, peut-être que les prix des groupements d'achats ne sont pas les mêmes, peut-être y-a-t-il d'autres produits de substitution. On a toujours du mal à avoir des explications claires sur ces différences de prix. On demande aux consommateurs de bien faire attention aux prix pratiqués et de faire jouer la concurrence.

Les pharmacies ont-elles le droit de faire ce qu'elles veulent quant aux prix de ces médicaments ?

On est sur des médicaments vendus sans ordonnance, en vente libre. Le pharmacien a l'entière liberté de pratiquer les prix qu'il souhaite. Par contre, ce qu'on met en évidence et qu'on souligne depuis plusieurs années c'est l'affichage des produits, l'étiquetage qui n'est pas respecté. Alors que l'affichage doit être très clair, transparent, 75% des boîtes ne portent pas une étiquette indiquant le prix, ce qui rend difficile la lecture des prix pour le consommateur. Les pharmaciens nous rétorquent que l'affichage apparaît sur le comptoir. Une fois que l'achat a été effectué, le client doit avoir un ticket de caisse où figure le prix d'une manière détaillée, or dans 60% des cas les clients n'en ont pas eu, alors que c'est obligatoire. Il y a une grande opacité.

Ces médicaments sont-ils plus chers en pharmacie qu'en grande surface ?

Non, notre observatoire n'a pas remarqué d'écarts de prix significatifs d'une boîte à l'autre [entre la pharmacie et la grande surface]. A ce niveau, on peut dire que les prix sont les mêmes. Par contre, on a des prix de médicaments sur Internet qui sont plutôt moins chers, mais sans les frais de port. Par ailleurs, deux sites sur trois ne respectent pas la réglementation et pourtant elle est précise. Les arrêtés ont été publiés en 2016. Le logo européen doit figurer sur le site qui certifie que le site est bien agréé pour vendre ces produits. Parfois, il n'y a pas de questionnaire de santé, il y a un non-respect des règles du commerce électronique, il n'y a pas de notice claire et lisible qui doit être validée en fin d'achat, il n'y a pas assez de contrôle. Ce ne sont pas des produits anodins, il y a des risques derrière, il y a des contre-indications.