"C’est comme si on faisait un sommet sur le climat sans climatologue" : les préconisations de la Haute autorité de santé hérissent les pro-homéopathie
Alors que la Haute autorité de santé préconise dans un rapport rendu vendredi l’arrêt des remboursements des médicaments homéopathiques, une centaine de pro-homéopathie ont manifesté dans la journée à Paris.
"L’homéo, remboursée !", scandent les manifestants du collectif "monhomeomonchoix" réunis vendredi 28 juin après-midi sur l'esplanade des Invalides, à Paris. Sur les tracts, les tee-shirt et les pancartes, un chiffre : 1 100 000, soit le nombre de signataires de la pétition pour le maintien de l’homéopathie, dont la Haute autorité de santé a préconisé dans un rapport remis vendredi l’arrêt du remboursement, faute d’efficacité, selon elle.
>> Ce que changerait un déremboursement de l'homéopathie
Provoquant, au passage, l’ire de ses partisans, qui ont appelé à des manifestations à Paris et à Lyon dès le milieu de la matinée. Là, sur l’esplanade des Invalides, parmi les manifestants, des pharmaciens, des médecins, des salariés de groupes pharmaceutiques Boiron en tête, mais également des patients. Parmi eux, Marie-Françoise, 72 ans. "Cela fait quarante-cinq ans que je me soigne uniquement avec l’homéopathie, explique-t-elle. C’est un moyen de se soigner qui ne coûte pas cher à la Sécurité sociale et qui est très efficace."
Quand j’ai eu besoin par exemple de soigner ma fille quand elle était toute petite pour des problèmes de respiration, c’est surtout l’homéopathie qui la soulageait.
Françoiseà franceinfo
La Haute autorité de santé fonde ses préconisations sur des recherches scientifiques concernant 24 affections et symptômes. Des arguments balayés par Vincent Morault, directeur Régional des Établissements Ouest-Nord-Paris IdF et pharmacien de formation : "Un tiers des médecins généralistes prescrivent chaque jour des médicaments homéopathiques, indique-t-il. C’est une pratique plébiscitée par les Français, qui ne coûte pas cher puisque la totalité du remboursement des médicaments homéopathiques représente moins de 0.3% des 20 milliards de dépenses de remboursement des médicaments en France. C’est donc une somme faible…." "Ce que nous dénonçons, poursuit Vincent Morault, c’est que la HAS a écarté toutes les études qui pouvaient montrer l’intérêt de santé publique de cette thérapeutique."
Dans cette commission il n’y avait pas d’expert en homéopathie ou de médecins homéopathe. C’est un peu comme si on faisait un sommet sur le climat sans climatologue.
Vincent Moraultà franceinfo
La majorité des manifestants travaillent pour le laboratoire Boiron, numéro 1 du secteur. Selon la direction, quelque 1 300 emplois sont indirectement menacés. "On voit de manière mécanique que l’impact sur notre chiffre d’affaires est conséquent puisqu’on annonce une baisse de 50% de ce dernier, avec forcément des réductions d’effectifs à la clef et une grosse inquiétude dans les équipes France, explique Vincent Mounier, délégué central FO chez Boiron. Vous vous rendez compte en termes de crédibilité pour les médecins qui sont attaqués par leurs pairs."
"On a l’impression, poursuit le syndicaliste, que c’est un diplôme de seconde zone. Alors que ce sont des médecins, des chirurgiens. On peut toujours imaginer que ce sont des illuminés mais c’est assez fort en termes de violence." Tous espèrent ici que la question de l’emploi fera réfléchir la ministre de la Santé. Agnès Buzyn doit trancher mais elle a fait savoir par le passé qu’elle suivrait l’avis de la Haute autorité de santé.
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