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"Médicaments : la bombe à retardement" : "Je n'avais pas conscience de la gravité de la situation", confie Hugo Clément à propos de son enquête

Le documentaire de l'émission "Sur le front", diffusé lundi à 21 heures sur France 5, aborde la question de la pollution médicamenteuse. 

Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le journaliste Hugo Clément le 18 juin 2019 à Paris (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

L'environnement serait-il malade à cause de nos médicaments ? Hugo Clément pose la question dans Médicaments : la bombe à retardement, diffusé le lundi 14 novembre à 21 heures, sur France 5. Des stations d'épuration incapables d'éliminer les résidus de nos pilules des eaux usées à l'antibiorésistance, le journaliste revient sur ce documentaire qui l'a "beaucoup marqué".

Franceinfo : A-t-il été compliqué d'enquêter sur ce sujet ? 

Hugo Clément : Oui, car il s'agit d'un sujet sensible. L'industrie pharmaceutique est très opaque, donc il a été compliqué de trouver les témoignages, d'avoir accès à certains endroits. Montrer la contamination de l'environnement n'a pas été simple, cela a demandé des semaines d'enquête, des mois de tournage. Au total, il a fallu près d'un an pour faire le documentaire. La partie en Inde a vraiment été difficile, car il y avait une grosse pression policière. 

Qu'est-ce qui vous a le plus choqué ? 

La séquence chez l'éleveur de lapins. Je trouve hallucinant qu'un éleveur explique qu'il ne mange pas les lapins qu'il produit. Cela veut dire qu'il y a un problème. Ces lapins, sélectionnés pour grossir rapidement et qui vivent dans une grande promiscuité, ont un système immunitaire très fragile. La moindre maladie peut décimer un élevage, donc pour éviter ce risque qui entraînerait des pertes économiques importantes, une grande partie des éleveurs les traitent de manière préventive aux antibiotiques. C'est une fuite en avant, car plus on en utilise, plus les bactéries apprennent à résister à ces médicaments et plus il faudra en utiliser.

La séquence sur l'antibiorésistance m'a aussi beaucoup marqué. Je n'avais pas du tout conscience de la gravité de la situation, et je n'imaginais pas à quel point cela pouvait devenir un véritable problème de santé publique, et à terme causer plus de morts que le cancer. Je ne savais pas qu'il y avait déjà des gens hospitalisés en France, dans une forme d'impasse thérapeutique, avec des infections en apparence assez banales et qui, au final, n'arrivent pas à être soignés.

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Tous les antibiotiques tendent à devenir inefficaces. J'ignorais aussi que nous avions des bactéries résistantes dans notre environnement en France. 

Un autre sujet de votre documentaire concerne les stations d'épuration qui ne filtrent pas les résidus de médicaments. Pourquoi les pouvoirs publics ne s'emparent-ils pas du problème ?

Parce que c'est une question de coût. Donner aux stations d'épuration avec des équipements qui permettent de se débarrasser des résidus médicamenteux ferait un peu augmenter la facture d'eau. Mais en fait ce n'est pas si onéreux que ça, c'était environ un euro de plus dans la commune où nous sommes allés. C'est peu, mais c'est un frein suffisamment puissant pour que la plupart des stations d'épuration ne soient pas équipées. Il n'y en a que quatre en France qui sont dotées de filtres puissants.

"C'est un choix politique aussi de savoir ce que l'on veut et quelle est la priorité. Ce problème est totalement sous-estimé et les scientifiques que l'on a rencontrés sont très inquiets."

Hugo Clément, journaliste

à franceinfo

Les chercheurs se montrent très préoccupés par l'amplification du phénomène de contamination de l'eau qui rend inopérants les antibiotiques, et par les conséquences qui vont survenir ces prochaines années. 

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