Pénurie de médicaments : le gouvernement annonce une nouvelle "feuille de route" contre les ruptures de stock

Ces dernières années, les périodes de tension d'approvisionnement en médicaments essentiels au quotidien des Français se sont multipliées, suscitant l'inquiétude des soignants et des patients.
Article rédigé par Florence Morel
France Télévisions
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Une boîte d'amoxicilline dans une pharmacie à Briançon (Hautes-Alpes), le 20 octobre 2023. (Photo d'illustration) (THIBAUT DURAND / HANS LUCAS / AFP)

Amoxicilline, traitements anticancéreux, insuline... En 2023, près de 5 000 médicaments ont été signalés en "rupture de stock" ou en "risque de rupture" par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), contre 3 761 en 2022 et 2 160 l'année précédente. Pour lutter contre les pénuries de molécules, le gouvernement a présenté, mercredi 21 février, une nouvelle feuille de route pour 2024 à 2027. Répertorier les produits en tension, relocaliser la production sur le territoire français, mieux informer les patients... Le dispositif vise à compléter la série de mesures annoncées par Emmanuel Macron en juin 2023.

Trois ministres sont à la manœuvre : la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités Catherine Vautrin, le ministre délégué chargé de l'Industrie et de l'Energie Roland Lescure, et le ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention Frédéric Valletoux. L'objectif de cette "nouvelle stratégie" est de "garantir la disponibilité des médicaments et assurer à plus long terme une souveraineté industrielle".

Le gouvernement veut d'abord "renforcer la surveillance de la disponibilité" des 450 médicaments dits "essentiels", répertoriés en juin par l'exécutif, après un hiver 2022-2023 particulièrement tendu. "Plus de 50% des médicaments de cette liste ont fait l'objet de signalements de rupture ou de risque de rupture auprès de l'ANSM durant les deux dernières années", précise la feuille de route du gouvernement (PDF à télécharger). Cette liste devra désormais être "réactualisée tous les ans"

Des relocalisations "annoncées dans les prochains mois"

Autre point abordé en juin : la relocalisation de la production de certaines molécules, pour laquelle le gouvernement promet que de "nouvelles lignes de fabrication doivent être annoncées d'ici fin avril/début mai". En outre, l'exécutif veut aussi "éviter les départs" des industriels, en leur imposant qu'en cas d'arrêt de production d'un médicament "essentiel", il "devra tout faire pour chercher et trouver un repreneur". "Si tel n'est pas le cas, en dernier recours, une production publique sera assurée", assure Mathilde Bouchardon, conseillère santé auprès du ministre délégué chargé de l'Industrie.

La première usine européenne de paracétamol doit ouvrir en 2025 à Toulouse (Haute-Garonne) et permettre de sortir de la dépendance à la production asiatique et américaine. "Ce qu'on a fait pour le paracétamol, on va le faire pour l'amoxicilline et pour les autres médicaments essentiels", assure Roland Lescure au Parisien

Mieux informer les patients et les médecins

Par ailleurs, l'exécutif souhaite "promouvoir la bonne utilisation du médicament, dont les antibiotiques, afin de garantir une utilisation maîtrisée et pertinente", selon la feuille de route. Autrement dit, des opérations de communication pour sensibiliser le grand public, mais aussi adapter le conditionnement des médicaments aux prescriptions des médecins, pour éviter le gaspillage.

Le gouvernement souhaite aussi inciter les médecins à ne pas prescrire des molécules en rupture de stock, en leur facilitant l'accès à des bases de données des médicaments disponibles à jour. L'ANSM et la Haute Autorité de santé sont en outre chargées, dès cette année, de fournir des listes d'équivalence aux praticiens et aux pharmaciens. Le gouvernement souhaite aussi que les pharmacies passent, dans au moins 80% des cas, par des grossistes, pour simplifier la gestion des stocks de molécules. 

Enfin, Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, souhaite mieux informer les patients sur la disponibilité des molécules dans les pharmacies, pour leur éviter de devoir se rendre dans plusieurs officines. 

L'Observatoire Transparence Médicaments a réagi, sur le réseau social X, dès la publication de l'article du Parisien, qui dévoilait mercredi le plan du gouvernement en avant-première. "La "feuille de route" du gouvernement est un énième effet d'annonce, tacle l'organisme. Les ministres changent, la même légèreté reste".

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