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Pénuries de médicaments : il est temps de gérer le problème politiquement, conclut le rapport de la commission d'enquête du Sénat

Le Sénat a rendu son rapport sur les pénuries de médicaments en France. Après cinq mois d'enquête et plus de cinquante auditions d'acteurs de la santé, les sénateurs dressent un constat "alarmant".
Article rédigé par franceinfo - Laura Lavenne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les tiroirs des pharmaciens sont vides en raison de la pénurie de médicaments qui s'accroit en France (illustration). (JEAN-FRANCOIS FREY / MAXPPP)

Les pénuries s'aggravent et le gouvernement n'est pas à la hauteur pour y faire face. Le bilan de la commission d'enquête du Sénat signe "la faillite" de la politique du médicament en France, conclut Laurence Cohen, la sénatrice et rapporteure de la commission. Après avoir mené des dizaines d'auditions et obtenu non sans mal des réponses sur le fonctionnement et les dysfonctionnements de la chaîne d'approvisionnement, elle dresse un portrait critique. On est ainsi passé de 700 signalements de ruptures de stock en 2018 à plus de 3 700 l'hiver dernier. Un pic inédit qui prouve que les autorités comme les industriels qui produisent à flux tendu, n'ont pas su anticiper la triple épidémie Covid, grippe et bronchiolite.

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La première cause de ces pénuries est qu'on ne produit plus assez sur le territoire français. La plupart des principes actifs sont produits en Asie, avec un recours accru à la sous-traitance. Et surtout, on considère les médicaments comme des marchandises. On produit ceux qui rapportent, les médicaments innovants, et on délaisse les autres. C'est ce qui explique que les pénuries concernent essentiellement les médicaments dits matures, ceux qui ne se vendent pas très cher, comme l'amoxicilline ou le paracétamol, et qui sont donc peu rentables pour les laboratoires. Enfin, la dernière raison est l'absence de pilote dans l'avion pour anticiper les pénuries ou les gérer quand elles surviennent. 

Créer un secrétariat général au médicament

Le rapport du sénat avance 36 pistes de réflexions pour rémédier au problème : établir une liste des médicaments essentiels. Relocaliser la production en Europe, avec des prix régulés et des normes d'étiquetages uniformisés pour éviter la concurrence et faciliter l'approvisionnement d'un pays à l'autre ; contrôler les stocks des industriels en cas de manquement pouvoir infliger des sanctions suffisamment dissuasives pour les big pharma et surtout créer un secrétariat général au médicament. Il est temps, dit le rapport, de gérer cette question politiquement et en toute transparence.

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