Trois questions sur la pénurie de Doliprane pour enfants, qui inquiète les pharmaciens et les parents
En pleine épidémie de bronchiolite et de grippe et alors que la neuvième vague de Covid-19 commence à toucher l'Hexagone, le Doliprane vient à manquer. Le médicament à base de paracétamol, prescrit contre les douleurs et la fièvre, semble difficile à trouver dans sa forme pédiatrique dans les pharmacies françaises. Le ministre de la Santé avait pourtant assuré en novembre que le problème serait réglé "dans les semaines, les mois qui viennent". Pourtant, les témoignages de parents inquiets ou en colère se multiplient sur les réseaux sociaux et les patients et professionnels de santé continuent de se plaindre de ruptures de stock. Franceinfo répond à trois questions sur le manque de paracétamol en France.
1 Peut-on vraiment parler de pénurie ?
"Il y a une tension d'approvisionnement qui aujourd'hui se transforme en pénurie, essentiellement sur les formes pédiatriques du Doliprane et du paracétamol", a expliqué le président de l'Union de syndicats des pharmaciens d'officine (USPO), Pierre-Olivier Variot, mardi 6 décembre sur franceinfo. Le représentant, lui-même pharmacien à Plombières-lès-Dijon (Côte-d'Or), raconte qu'il vient de recevoir un carton du médicament qu'il attendait depuis 12 jours.
Les producteurs affirment toutefois que leurs médicaments sont toujours disponibles à la vente. "Toutes les formes de la gamme Doliprane restent ouvertes à la commande pour approvisionner et livrer toutes nos parties prenantes – hôpitaux, grossistes et pharmaciens – et servir les patients", assure une porte-parole de Sanofi à La Dépêche du Midi .
En octobre, alors que l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) recommandait de limiter sa délivrance en pharmacie, les laboratoires producteurs du paracétamol avaient assuré qu'il n'y avait pas de pénurie à craindre. Mais le ministre de la Santé avait reconnu en novembre des "tensions sur les stocks de médicament", dans l'émission "Le Grand Jury RTL- Le Figaro-LCI".
2 Comment expliquer ces tensions d'approvisionnement ?
Les laboratoires producteurs de paracétamol expliquent qu'il s'agit avant tout d'un problème de surconsommation. Ils constatent "une demande supérieure à ce qu'on observe habituellement", surtout sur la forme pédiatrique en sirop, "l'une des formes les plus demandées", déclare Sanofi auprès de l' Usine nouvelle.
Le manque de paracétamol s'expliquerait aussi par une consommation plus élevée qu'à l'accoutumée pendant l'été, en raison de l'épidémie de Covid-19, "alors qu'on se sert d'habitude de l'été pour reconstituer les stocks", expose Pierre-Olivier Variot, du syndicat USPO, sur franceinfo. Mais il pointe quand même un problème de production. "Il y a aussi des mouvements sociaux chez Sanofi qui font que les camions ne partent pas et ne peuvent pas livrer les pharmacies. Et puis on a aussi des tensions sur le flacon de verre. On n'est pas suffisamment approvisionnés pour pouvoir fabriquer des flacons", poursuit-il .
3 Comment les médecins et les pharmaciens s'adaptent-ils ?
"On se retrouve malheureusement parfois à bricoler, ce qui ne va pas avec l'acte médical en lui-même", a confié à France 2 Borhane Ferjani, médecin généraliste . Les pharmaciens dénoncent un manque d'informations sur les difficultés d'approvisionnement. "Clairement, on n'arrive pas à avoir des explications claires, nettes et précises. Avec la grippe qui arrive, des pathologies hivernales, c'est un problème", témoignait en novembre Jean-Philippe Brégère, président du syndicat des pharmaciens de Charente, également sur France 2.
Les pharmaciens ont aussi des solutions de repli. "On a la possibilité, en fonction du poids de l'enfant, de basculer sur des formes réservées à l'adulte ou sur des sachets, ce qui permet de pouvoir combler le manque, détaille Pierre-Olivier Variot. On a la possibilité de transposer sur de l'Advil en sirop ou éventuellement de l'Aspégic nourrisson, si l'enfant ne présente pas de contre-indication à prendre ce médicament".
Pour faire face à ces difficultés, les autorités de santé ont diffusé des recommandations aux professionnels en octobre. Sans présentation d'une ordonnance, les pharmaciens ne doivent pas vendre plus de deux boîtes de paracétamol par client. Les médecins sont appelés à éviter les prescriptions aux patients "qui n'en ont pas un besoin immédiat", détaille l'ANSM. La posologie de trois prises par jour toutes les huit heures est privilégiée, "au lieu de quatre prises par jour toutes les six heures".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.