Médicaments contre le rhume : "Le bénéfice n'est pas suffisant pour contrebalancer le risque", selon la fédération des syndicats pharmaceutiques
"Il y a eu des cas graves d'accidents, en même temps que l'on prenait le produit", a affirmé Philippe Besset, pharmacien d’officine et président de la fédération des syndicats pharmaceutiques de France et des libéraux de santé, au sujet des médicaments contre le rhume. Invité de franceinfo, mardi 10 décembre, ce professionnel de santé comprend pleinement la décision de l'Agence nationale de sécurité du médicament de rendre obligatoire à partir de mercredi une ordonnance pour obtenir Humex, Dolirhume et autre Actifed.
"Depuis plusieurs années, nous avons des débats avec l'Agence du médicament pour voir ce qu'il fallait faire avec cette molécule, la pseudoéphédrine. C'est une molécule utile pour déboucher le nez, mais pas pour soigner le rhume. Le rhume, c'est un virus", rappelle Philippe Besset.
Des précautions prises dans les pharmacies
Si les autres pays européens n'arrivent pas à faire de liens entre cette molécule et des accidents graves comme des infarctus du myocarde ou des AVC, "en France, nous avons le principe de précaution", assène-t-il. "L'Agence du médicament a préféré retirer le médicament pour ne pas avoir à assumer des morts à cause d'un produit qui peut facilement être remplacé. Le bénéfice n'est pas suffisant pour contrebalancer le risque". Des alternatives sans risque existent comme un lavage nasal, juste avec un peu d'eau salée, mais aussi se réhydrater en buvant abondamment ou encore surélever la tête quand on est allongé.
En quelques années, les ventes des médicaments contre le rhume ont lourdement chuté, divisées par quatre selon l'ANSM. Dans les pharmacies aussi, on a pris le pli : "On a mis le médicament derrière le comptoir. On ne le conseille plus. On pose des questions et des alertes quand on le délivre", conclut Philippe Besset.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.