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Mort de Naomi Musenga : comment fonctionne la prise en charge quand on appelle le Samu ?

L'enregistrement de l'appel de Naomi Musenga au Samu peu de temps avant son décès a mis en évidence des manquements dans la procédure. Mais en quoi celle-ci consiste-t-elle ?

Article rédigé par franceinfo
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Le centre d'appel du Samu du Val-de-Marne à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil, le 15 mai 2008. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

L'indignation monte après la mort, le 29 décembre dernier, de Naomi Musenga, quelques heures après son appel au Samu de Strasbourg. L'enregistrement de l'échange entre une opératrice et cette jeune femme de 22 ans a mis en évidence des manquements. Ceux-ci ont conduit la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, à demander une enquête auprès de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas). De son côté, le parquet de Strasbourg a ouvert, mercredi 9 mai, une enquête préliminaire du chef de "non-assistance à personne en péril". 

Le président de Samu-Urgences de France, François Braun, interrogé par franceinfo mercredi, a condamné le comportement de l'opératrice, estimant que la procédure n'avait pas été appliquée. Franceinfo vous explique ce que dit cette procédure, censée se mettre en place lorsque l'on appelle le Samu.

1La collecte des premiers renseignements

En cas d'urgence médicale, surtout lorsqu'il y a un risque vital, le 15 est le numéro à appeler en priorité, préconise le CHU de Toulouse sur son site. Il ne faut donc pas composer ce numéro pour un simple rhume, au risque de surcharger ce service public. "Le Samu prend en charge 25 millions d'appels par an (…) et leur nombre augmente", a ainsi rappelé la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, mercredi, sur franceinfo.

L’appel est alors reçu par un assistant de régulation médicale (ARM). Il ne s'agit pas d'un aide-soignant, et "aucun diplôme national n'existe", précise à L'Express l'urgentiste Patrick Pelloux. Il explique que les ARM sont formés "soit dans une école, soit par des associations, soit sur le tas". C'est une assistante de ce type qui a répondu à Naomi Musenga, le 29 décembre dernier. L'ARM a pour mission de collecter les premiers renseignements, c'est-à-dire le nom de la personne concernée par l'urgence, l'adresse où elle se trouve, ainsi qu'un numéro de téléphone et le nom du médecin traitant. Enfin, le motif de l’appel doit être indiqué et noté.

2La mise en relation avec un médecin

Dès que ces informations sont collectées, l'agent doit dans la foulée mettre en relation l'appelant avec un "médecin régulateur". Cet intervenant est "un médecin des hôpitaux, spécialisé en médecine d'urgence et/ou en anesthésie réanimation", précise le Samu de Paris. L'opérateur peut aussi orienter l'appel vers un médecin généraliste libéral travaillant régulièrement pour le Samu, rapporte BFM.

"C'est la règle numéro un", martèle Agnès Buzyn sur franceinfo. "Normalement, tout appel est transmis à un médecin régulateur", confirme François Braun, président de Samu-Urgences de France. Mais "ça n'est pas toujours le cas", assure Patrick Pelloux sur BFM.

Pour Agnès Buzyn, c'est bien cette étape de la procédure qui est en question dans le cas de Naomi Musenga. La ministre met en avant "une erreur humaine" et "un dysfonctionnement à l'échelon individuel" "alors que les consignes sont claires". Samu-Urgences de France précise qu'un guide de régulation médicale est à disposition des ARM et des médecins régulateurs. Ce guide contient des fiches de régulation qui "décrivent les rôles de l’assistant de régulation médicale".

"Au terme de l’interrogatoire du patient, de son entourage ou du témoin, [le médecin régulateur] évalue la gravité de la situation pour un diagnostic et prescrit la réponse la mieux adaptée." Là encore, François Braun assure que "c'est ce médecin qui prend les décisions suite à un interrogatoire médical". 

3Du diagnostic à la prise en charge

En fonction des informations récoltées et après l'interrogatoire mené par le médecin régulateur, celui-ci doit apporter une réponse qui va du simple conseil à l'orientation vers le médecin traitant voire vers un service hospitalier. Dans certains cas, le médecin régulateur peut prescrire une ambulance pour le transport sanitaire. S'il estime qu'il y a une véritable urgence médicale, il peut décider d'envoyer une équipe de secouristes professionnels comme les pompiers, voire une équipe de réanimation hospitalière du Service mobile d'urgence et réanimation (Smur).

"On ne demande pas aux gens de rappeler, on le fait nous-mêmes et on transmet l'appel éventuellement à un autre service", explique encore François BraunDans le cas où le médecin régulateur a fait appel à une aide médicale d'urgence, qu'il s'agisse de secouristes ou de médecins libéraux, son rôle ne se limite pas au seul traitement des appels du 15. "En contact permanent avec tous les hôpitaux de sa région", il "reçoit les bilans" et "organise ensuite l’accueil en milieu hospitalier dans le service adapté". Par exemple, dans le cas d'un infarctus du myocarde, il devra gérer l'admission directe en service de cardiologie.

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