Où en est-on de la vaccination contre la grippe A(H1N1) ?
Alors qu'on redoute une déferlante de cas à travers le monde à l'automne, les vaccins se seront pas prêts encore avant plusieurs semaines.
Un certain nombre de questions se posent sur leur efficacité, leur innocuité, leur prix, le nombre de doses qui seront produites, les modalités de la campagne de vaccination...
Les vaccins contre la grippe A ne seront pas disponibles tout de suite. Ils ont déjà commencé à être produits par les laboratoires. Mais les essais cliniques ne sont pas finis et il faudra encore soumettre leurs résultats aux autorités de réglementation. On n'en disposera pas avant la mi-octobre, a indiqué la ministre de la santé Roselyne Bachelot. Et certains laboratoire devraient ne pouvoir les livrer que plus tard.
La vaccination ne sera pas obligatoire, mais la ministre la recommande à toute la population. On estime qu'un quart des Français devrait refuser de se faire vacciner.
Il n'y en aura pas pour tout le monde, en tout cas pas tout de suite et pas dans les pays les plus pauvres. La France a commandé ferme 94 millions de doses de vaccins, et pré-réservé 36 autres millions de doses. Soit de quoi vacciner tous les Français, mais pas à court terme. Au niveau mondial, d'après la directrice générale de l'OMS Margaret Chan, les capacités annuelles de production de vaccins anti-grippe des laboratoires sont de 900 millions de doses -donc 450 millions de personnes vaccinées si la vaccination se fait en deux doses-, pour une population mondiale de 6,8 milliards.
Les premières prévisions étaient bien plus optimistes mais les laboratoires ont reconnu que le rendement du vaccin contre le virus de la grippe A étaient assez bas, ce qui a mené à une révision des chiffres.
On saura le 7 septembre qui sera vacciné d'abord, quand le Haut conseil de la santé publique aura rendu son avis. Les personnels de santé -et au premier chef ceux de néonatalogie -, les femmes enceintes et les personnes souffrant d'affections chroniques (respiratoires notamment) devraient être prioritaires. Plus largement, les jeunes d'âge scolaire, particulièrement touchés par l'épidémie, devraient être parmi les premiers servis.
Des voix s'élèvent pour alerter contre les risques que pourraient faire courir les vaccins contre la grippe A, notamment du fait de la présence d'adjuvants à base d'aluminium ou de squalène. L'eurodéputée Michèle Rivasi, professeur agrégée de biologie, estime que les "risques" éventuels de la vaccination semblent "avoir été ignorés". Elle craint une "précipitation gouvernementale" et un "enrichissement de l'industrie pharmaceutique".
Plus de la moitié du personnel de santé de Hong Kong refuserait de se faire vacciner , selon une étude du British Medical Journal. Une autre étude auprès de 1500 infirmières britanniques indique que 30% d'entre elles refuseraient d'être vaccinées.
En France, le Pr Daniel Floret, président du Comité technique des vaccinations, estime que, par précaution, des vaccins dépourvus d'adjuvants devraient être dispensés aux personnes souffrant d'un déficit immunitaire, dont les femmes enceintes.
Les adjuvants, ajoutés aux antigènes pour booster l'immunité, permettent d'utiliser moins d'antigène et donc de multiplier les doses de vaccins avec une seule souche vaccinale. Certains estiment que ces adjuvants "peuvent provoquer l'apparition de maladies auto-immunes", c'est-à-dire causées par un dérèglement du système immunitaire, note le Pr Floret. Pour lui, "il s'agit d'un risque théorique et nullement démontré, mais qu'il est légitime de prendre en compte". "Un vaccin sans adjuvant est actuellement développé par Sanofi Pasteur, et nous espérons en disposer à l'automne", précise-t-il.
La vaccination sera efficace si elle n'est pas trop tardive. Selon une simulation réalisée par Fabrice Carrat, de l'Inserm (reproduite dans le mensuel Science et Vie), si personne n'est vacciné le virus pourrait provoquer plus de 900.000 contaminations par jour. Si le vaccin est administré à 70% de la population dès le premier jour de l'épidémie, elle sera jugulée. S'il est administré au bout de 14 jours, 600.000 personnes seront contaminées par jour et l'épidémie sera "contenue". Si le vaccin est injecté au bout de 28 jours, l'effet sera à peu près nul.
Ce sont les préfets qui seront chargés d'organiser le dispositif de vaccination. Dans chaque département on prévoit au moins trois centres de vaccination (gymnases, salles polyvalentes...), un pour 100.000 habitants. Des équipes mobiles se déplaceront dans les établissements scolaires, les crèches, les prisons ou les établissements médico-sociaux.
D'un coût de 15 euros les deux doses, le vaccin sera gratuit pour les assurés sociaux pendant les quatre mois de la campagne.
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