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Papillomavirus : "Il est essentiel que la vaccination ne soit pas genrée et forte sur une prévention des risques de faire un cancer", prévient une spécialiste du virus

Cécile Badoual, professeure d'anatomopathologie de l'hôpital européen Georges Pompidou à Paris, alerte vendredi la nécessité de vacciner les enfants, garçons et filles, contre le papillomavirus avant qu'ils n'entrent dans la sexualité, alors qu'une étude publiée dans "The Lancet" révèle que ce virus touche près d’un tiers des hommes de plus de 15 ans.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Une médecin vaccine une adolescente contre le papillomavirus, à Miami, aux Etats-Unis, le 2 juin 2022. (JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

"Il est essentiel que la vaccination ne soit pas genrée et forte sur une prévention des risques de faire un cancer", a insisté vendredi 18 août sur franceinfo Cécile Badoual, professeure d'anatomopathologie de l'hôpital européen Georges Pompidou à Paris, experte à l’OMS, alors qu'une étude publiée dans The Lancet révèle que le papillomavirus touche près d’un tiers des hommes de plus de 15 ans.

franceinfo : La vaccination contre le papillomavirus était réservée aux jeunes filles jusqu'en 2021. Est-il important d'y intégrer aussi les hommes ?

Cécile Badoual : Il est essentiel que la vaccination ne soit pas genrée et forte sur une prévention des risques de faire un cancer, des lésions chez les filles et les garçons. Quand on regarde cette publication, elle reprend tout ce que l'on peut retrouver à travers le monde sur les informations d'un portage, de la présence du papillomavirus, au niveau des organes génitaux des hommes.

En général, c'est à l'arrivée dans la sexualité qu'il y a une contamination par le papillomavirus et ce qui est important c'est qu'il y a un portage important des papillomavirus qui risquent de transmettre des cancers. Cela peut être celui du col de l'utérus, du vagin et de la vulve chez les femmes, mais aussi un cancer que l'on peut retrouver chez les femmes et les hommes qui peut être localisé au niveau de l'anus, mais aussi de ce que l'on appelle l'oropharynx, c'est-à-dire au fond de la gorge, les amygdales.

A quel moment faut-il se faire vacciner ?

Avant de rencontrer le papillomavirus, avant de rentrer dans la sexualité. C'est pour ça que l'on recommande une vaccination de deux doses pour les jeunes de 11 à 14 ans, que ce soit des filles ou des garçons, ou un rattrapage jusqu'à 16 ans. Pour les hommes ayant des rapports avec des hommes, qui risquent un peu plus de faire des cancers de l'anus, on va proposer une vaccination de rattrapage jusqu'à 26 ans.

Faut-il rendre la vaccination contre le papillomavirus obligatoire ?

Il faut avoir une action forte de compréhension du fait que si chez les femmes il y a des outils de détections du virus, il n'y en a pas chez les hommes pour aller chercher ces cancers. Pour l'anus ou les patients ayant le VIH, il y a des protocoles, mais pour la population générale il n'y en a pas. Pour les cancers ORL, à 80% il s'agit d'hommes.

La France est-elle en retard dans ce domaine ?

On est à 46% des jeunes filles, en 2021, qui ont reçu au moins une dose. L'OMS dit qu'au moins une dose avant l'entrée dans la sexualité ou la première année est quelque chose qui est très efficace. En revanche, avec la vaccination des garçons et des jeunes hommes, on est très en retard.

Il était donc très important de proposer une vaccination qui puisse être offerte aux jeunes filles et aux garçons puisque 6% des jeunes garçons en âge d'être vaccinés le sont en France. Dans d'autres pays, la vaccination est proposée à l'école et en Australie elle a été généralisée à toute une classe d'âge.

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