"Plus de deux millions d'Italiens renoncent à se soigner pour des raisons économiques" : en Italie, l'hôpital public en grève face au manque de moyens

Délais d'attente, manque de personnels, salaires... Le système de santé italien est en pleine crise depuis plusieurs années.
Article rédigé par Bruno Duvic
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un personnel soignant de l'hôpital San Giovanni–Addolorata, à Rome. (TIZIANA FABI / AFP)

Qui est au chevet de la santé publique italienne ? En Italie, les médecins et infirmiers ont entamé, mercredi 20 novembre, une grève nationale pour demander plus de moyens pour le système de santé public. L'Italie dépense en effet moins que la moyenne des pays européens et les chiffres sont encore en baisse cette année : la dégradation de ce service public est devenue la priorité des Italiens. Et elle atteint des niveaux alarmants. Ainsi, il manque au moins 65 000 infirmiers en Italie.

 Antonio De Palma, président du syndicat Nursing Up, avance une raison : les salaires stagnent autour des 2 400 euros brut en moyenne. "Le métier, n'attire plus les jeunes qui ne s'inscrivent plus à l'université. Ils étaient 46 000 environ il y a dix ans. Ils sont 22 000 aujourd'hui. C'est une débâcle !", constate-t-il. Du côté des médecins, c'est la fuite vers le privé qui pose problème.

Des délais d'attente hors-norme

Autre exemple de la crise : dans les hôpitaux publics, les délais d'attente pour un examen sont parfois infernaux. L'association Cittadinanzattiva les passe au scanner : "Les patients nous ont signalé des délais d'attente de plus de 300 jours pour une mammographie ou encore un an et demi pour une IRM", dénonce Valeria Fava, l'une des responsables de l'association. Pour réduire les délais, les patients, ceux qui le peuvent, se tournent vers le privé.

"Quatre millions et demi de personnes renoncent à se soigner en Italie, dont 2 millions et demi pour des raisons économiques. Comme le taux de pauvreté augmente, toujours moins de personnes pour le payer de leur poche, ce que le service public ne leur garantit pas", décrypte Nino Cartabellottaa, président de la fondation Gimbe, qui publie un rapport régulier sur le système de santé. Cette tension vire souvent à la violence, de l'insulte aux coups de poings, on a recensé plus de 40 épisodes de violence par jour en Italie contre des professionnels de santé en 2023.

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