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Médecins intérimaires et salaires plafonnés : "Aucun remplaçant n'ira travailler à 37 euros de l'heure"

La ministre de la Santé a lancé des poursuites contre trois responsables syndicaux qui ont appelé les médecins à ne plus faire de remplacements dans des hôpitaux où les salaires sont désormais encadrés. 

Article rédigé par franceinfo, Solenne Le Hen - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des infirmiers et des médecins dans un service d'urgences.  (        SEBASTIEN JARRY                             / MAXPPP)

La ministre de la Santé attaque trois médecins devant l'Ordre des médecins. Agnès Buzyn reproche à ces trois responsables du syndicat des médecins remplaçants d'avoir gravement manqué à la déontologie et d'avoir mis en danger le fonctionnement d'hôpitaux, en appelant à boycotter les établissements qui, conformément à la loi, plafonnent les salaires des médecins remplaçants.

Jusqu'à 2 000 euros par jour pour un remplacement

Trouver des médecins, c'est une difficulté au quotidien dans de nombreux petits hôpitaux. Dans ces déserts médicaux, le jeu de l'offre et la demande devient la règle et les enchères montent vite, surtout quand il faut trouver un médecin, un remplaçant, à la dernière minute pour le week-end. Parfois, les salaires s'envolent "face à des mercenaires qui sont des médecins qui travaillent la journée, parfois payé 2 000 euros par jour et qui sont aujourd'hui responsables en partie du déficit de petits hôpitaux périphériques", dénonçait il y a quelques mois Agnès Buzyn à l'Assemblée nationale.

L'attaque est sévère et la ministre n'en reste pas là et a pris un décret. Désormais, les salaires de ces médecins remplaçants sont plafonnés : 1 400 euros brut pour 24 heures de travail, puis l'an prochain, maximum 1 300 euros et 1 200 dans deux ans. Une décision qui provoque la colère des médecins remplaçants. "Qui accepterait d'aller très loin dans des déserts médicaux où aucun médecin ne veut aller ?" s'interroge Linda Darrasse, présidente de leur syndicat et anesthésiste à Paris. Elle travaille régulièrement dans les hôpitaux du Mans et de Valence.

Sans nous, ces hôpitaux fermeraient.

Linda Darrasse

à franceinfo

"On prend le train, parfois c'est 500 ou 1 000 kilomètres, poursuit Linda Darrasse, on arrive dans des hôtels, il faut s'intégrer tout de suite à l'équipe qui est déjà formée alors qu'on est là parfois pour juste 24 heures. Il faut se familiariser aux matériaux qui sont là-bas et souvent des malades qui ont été mis de côté en attendant le remplaçant et tout ça à 37 euros de l'heure ?"

Appel à boycotter certains hôpitaux

Le syndicat a établi une liste de tous les hôpitaux qui appliquent ce décret. Châteaudun, Dole, Morlaix, Salon-de-Provence ou encore Strasbourg et il invite les 6 000 médecins remplaçants à les boycotter.

Chantage, attitude irresponsable, répond la ministre, qui vient de saisir l'Ordre des médecins. Les trois remplaçants responsables du syndicat risquent trois mois de suspension.

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