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Pourquoi les médecins libéraux et les biologistes appellent à la grève les 1er et 2 décembre

Ces professions médicales appellent à la fermeture des cabinets et des laboratoires jeudi et vendredi. Les uns pour réclamer des hausses de tarifs, les autres pour éviter un "coup de rabot". De leur côté, les radiologues soutiennent le mouvement, mais ont déjà obtenu gain de cause.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Dans le cabinet d'un médecin gréviste à Wattignies, dans le Nord, le 29 novembre 2022. (MAXPPP)

La tension est inhabituellement élevée chez ces praticiens. Pour la première fois depuis 2015 et la loi Touraine, tous les syndicats de médecins libéraux appellent à la grève, jeudi 1er et vendredi 2 décembre, pour faire pression sur l'exécutif dans le cadre du budget de la Sécu.

A Paris, un rassemblement est annoncé devant le ministère de la Santé jeudi à 14 heures. Les syndicats de biologistes, également engagés dans d'âpres négociations avec l'Assurance-maladie et le gouvernement, appellent aussi à fermer les laboratoires pendant deux jours. De leur côté, les radiologues soutiennent le mouvement, mais leurs revendications ont déjà été entendues. Franceinfo fait le tour des raisons de la colère.

Le doublement du tarif de la consultation comme principale revendication des médecins

Le mouvement, symptôme d'une colère sourde qui se répand dans la profession, a été initié par le jeune collectif Médecins pour demain, créé fin août et qui rassemble à ce jour plus de 14 000 membres sur Facebook. Avec pour "revendication unique" le doublement du tarif de la consultation (de 25 à 50 euros), ce groupe "apolitique et asyndical" a rallié à sa cause l'ensemble des organisations représentatives. Obligées de suivre leur base, celles-ci voient aussi un moyen de peser dans la négociation qui vient de s'ouvrir avec l'Assurance-maladie en vue d'un nouvel accord pour les cinq prochaines années.

Médecins pour demain prévoit "des milliers de cabinets médicaux fermés" dans toute la France et plusieurs actions en régions et à Paris. "Beaucoup de médecins qui n'ont jamais fermé de leur vie vont le faire cette fois, donc nous pensons légitimement que le mouvement va être très suivi", a prédit mardi lors d'une conférence de presse le président du syndicat UFML, Jérôme Marty. "Il est évident que les ARS [agences régionales de santé] vont procéder à des réquisitions : nous y ferons face, nous ne sommes pas des sauvages", a-t-il ajouté.

"Ces deux jours de fermeture doivent constituer un électrochoc", affirme pour sa part le Syndicat des médecins libéraux (SML), qui réclame de longue date une consultation à 50 euros pour donner aux médecins "les moyens de rester libéraux". "Aujourd'hui, mes charges représentent plus de 50% de mon chiffre d'affaires. Donc, sur une consultation de 25 euros, il me reste environ 10 euros", explique à franceinfo l'un des porte-parole du collectif Médecins pour demain, Julien Sibour, médecin généraliste à Vitrolles (Bouches-du-Rhône).

Au-delà du sujet financier, les médecins s'inquiètent pour leur liberté d'installation, de plus en plus remise en question, notamment au Parlement où s'accumulent les propositions de loi sur les déserts médicaux. Julien Sibour affirme par exemple avoir dû emprunté 30 000 euros à la banque pour s'installer.

"On n'a aucune aide à l'installation, hormis dans des zones de fort désert médical, et c'est soumis à des contraintes."

Julien Sibour, médecin généraliste à Vitrolles

à franceinfo

Ce front syndical commun augure d'un conflit prolongé, selon un leader syndical qui envisage déjà une grève des gardes en décembre, puis une nouvelle fermeture des cabinets pendant les fêtes de fin d'année. Médecins pour demain a d'ailleurs évoqué une "grève dure" à partir du 26 décembre.

Les biologistes ne désarment pas 

Après une première grève de trois jours mi-novembre, syndicats et grands groupes d'analyses médicales appellent de nouveau à la fermeture des laboratoires. Pointé du doigt depuis deux mois pour ses profits records liés aux tests Covid, le secteur refuse mordicus la ponction de 250 millions d'euros par an sur les autres examens, inscrite dans le budget de la Sécurité sociale pour 2023.

Ce mouvement est leur dernière chance avant le vote définitif du projet de loi (PLFSS), que l'exécutif ne semble pas prêt à modifier. Au contraire, le ministre de la Santé, François Braun, a encore dénoncé la semaine dernière des actions "contraires à la déontologie".

Reçus à l'Assurance-maladie le 22 novembre, les quatre syndicats de biologistes libéraux avaient soumis un "compromis" à leur interlocuteur, exigeant une réponse le 23 novembre au plus tard. Opposés à ce "coup de rabot pérenne" de 250 millions d'euros par an, ils consentaient à une ponction du même montant l'an prochain, ramenée à 145 millions de 2024 à 2026.

Mais au terme de leur ultimatum, les syndicats de biologistes déplorent n'avoir reçu "aucune réponse concrète", dans un courrier dont l'AFP a obtenu copie. Le directeur général de la Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam), Thomas Fatôme, a toutefois salué leurs "engagements forts", tout en souhaitant que les échanges puissent "se poursuivre pour permettre l'atteinte de l'objectif fixé" dans le PLFSS, selon une autre lettre consultée par l'AFP.

Mais c'est trop peu pour les biologistes, qui réclament "un retour écrit et chiffré à (leur) proposition". Selon Lionel Barrand, président du syndicat national des biologistes médicaux (Biomed), interrogé sur franceinfo, les laboratoires sont prêts à participer à "l'effort collectif" après la pandémie, mais souhaitent que cet effort se fasse sur "les analyses Covid" et non sur "les analyses de routine et d'urgence".

"Ce que nous trouvons insupportable, c'est d'être pointés du doigt comme des profiteurs de guerre par les autorités après tout ce qu'on a vécu avec notre personnel."

Lionel Barrand, président du syndicat national des biologistes médicaux (Biomed)

à franceinfo

Les radiologues obtiennent la baisse des tarifs des forfaits techniques

Ces professionnels devaient initialement se joindre au mouvement de grève. En cause : la possibilité donnée depuis 2017 au directeur général de la Cnam de fixer – et donc baisser – unilatéralement les tarifs des forfaits techniques d'imagerie en coupe (scanner, IRM, TEP). Le gouvernement a finalement lâché du lest sur ce point et déposé un amendement au PLFSS, rapportent Les Echos. "Afin de rappeler la prééminence de la négociation conventionnelle, le présent amendement propose de supprimer la possibilité pour le directeur général de l'Uncam de prévoir unilatéralement une baisse de forfaits techniques, issue de l'article 99 de la LFSS pour 2017", précise l'amendement. 

"C'est une avancée très positive qui était attendue depuis plusieurs années par la Fédération nationale des médecins radiologues", s'est félicitée la FNMR dans un communiqué. "On apprécie le geste", confirme dans Les Echos son président, Jean-Philippe Masson. Même si les radiologues soutiennent le mouvement des biologistes et des médecins, ils "ne feront pas grève", assure-t-il dans les colonnes du quotidien.

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