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Grève des laboratoires : c'est "insupportable d'être pointés du doigt comme des profiteurs de guerre après tout ce qu'on a vécu", dénonce un syndicat

Le gouvernement prévoit de baisser les tarifs des actes de biologie estimant que les tests Covid ont rempli les caisses des laboratoires. La profession demande à exclure les "analyses de routine" de ce plan d'économies.

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Un biologiste manipule des tests salivaires de dépistage du Covid-19 dans un laboratoire d'analyses médicales de Montpellier, en octobre 2020. (PASCAL GUYOT / AFP)

"Ce que nous trouvons insupportable, c'est d'être pointés du doigt comme des profiteurs de guerre par les autorités après tout ce qu'on a vécu avec notre personnel" a déclaré lundi 14 novembre sur franceinfo Lionel Barrand président du syndicat national Les Biologistes médicaux (Les Biomed). Les laboratoires sont en grève pour trois jours pour dénoncer le projet de loi qui prévoit 250 millions d'euros d'économies dans le secteur.

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La crise du Covid-19 a rapporté sept milliards d'euros au secteur. Selon Lionel Barrand, les laboratoires sont prêts à participer à "l'effort collectif" après la pandémie, mais ils souhaitent que cet effort se fasse sur "les analyses Covid" et non pas sur "les analyses de routine et d'urgence". Ce lundi, "95% des laboratoires sont fermés en médecine de ville", a-t-il indiqué.

franceinfo : Qu'est-ce qui a été prévu aujourd'hui pour les analyses urgentes ?

Lionel Barrand : Ce qui est prévu, c'est de gérer tout ce qui est bilan de chimiothérapie, patients dialysés, etc. et d'avoir la possibilité de travailler à guichets fermés. Le laboratoire ferme ses portes au public, en revanche, nos collaborateurs, notamment les infirmiers libéraux qui travaillent à domicile pour certaines prises de sang urgentes, sont traités sur le plateau technique. Pour les autres personnes, les laboratoires sont ouverts dans les structures hospitalières pour ces trois jours. Il y a un système qui a été mis en place pour gérer les urgences dans nos laboratoires.  

Le gouvernement dit que la crise Covid vous a rapporté 7 milliards d'euros financés par la sécurité sociale. Vous n'êtes pas prêts à faire un effort ?  

Si, justement ! Le gouvernement a demandé de faire une économie de 250 millions d'euros. On comprend qu'il faut participer à l'effort collectif à la suite de la crise Covid, même si cet argent n'a pas été volé. C'est un point majeur. Nous sommes d'accord avec cette économie de 250 millions d'euros via une taxe exceptionnelle Covid, puisqu'on parle bien d'une situation exceptionnelle Covid. En revanche, ce sur quoi nous ne sommes pas d'accord, c'est que le gouvernement demande à faire des économies non pas que sur les analyses de Covid, mais sur les analyses de routine et d'urgence, donc directement sur la biologie de proximité. C'est ça qui attaque les laboratoires de proximité et donc le service à la population.

Pour vous, c'est une ligne rouge ?

C'est la ligne rouge et d'ailleurs, on a reçu le soutien du Sénat sur cette position. Mais on a l'impression que le gouvernement veut détruire non seulement la biologie de proximité, mais aussi la médecine de proximité, puisqu’il n'y a pas que dans les laboratoires que nous ne sommes pas contents du dernier projet de loi. Ce que nous trouvons insupportable, c'est d'être pointés du doigt comme des profiteurs de guerre par les autorités après tout ce qu'on a vécu avec notre personnel quand on a dû tester, tester et tester sur l'ordre du gouvernement qui, je le rappelle, a décidé lui-même des tarifs, a décidé de la politique de l'open-bar et du quoi qu'il en coûte contre notre avis. Ils ne nous ont pas écoutés et maintenant ils nous attaquent pour avoir fait le travail qu'ils nous ont eux-mêmes demandé.

On appelle le ministre Gabriel Attal à une forme de décence envers les professionnels qui étaient en première ligne aux côtés de la population.

Lionel Barrand

à franceinfo

Je le redis, nous sommes prêts à donner ces 250 millions pour participer à l'effort collectif, mais pas sur la biologie de proximité. C'était d'ailleurs la parole du gouvernement. Le gouvernement nous a menti quand, il n'y a pas plus d'un an encore, il nous a dit : investissez au maximum parce que ce sera uniquement sur du Covid et nous ne reprenons pas cet argent sur la biologie de proximité.

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