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Publicité sur l'alcool : Touraine demande aux députés de ne pas changer la loi

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a appelé lundi à ne pas modifier la loi Evin encadrant la publicité pour l’alcool. Cette dernière pourrait être remise en cause par un amendement sénatorial, examiné ce lundi par les députés, dans le cadre de la loi Macron.
Article rédigé par Louis Mbembe
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Marisol Touraine ne souhaite pas apporter de modifications à la loi Evin © MaxPPP)

Ne rien changer. C’est le message porté par la ministre de la Santé, Marisol Touraine concernant la loi Evin, menacée par un amendement débattu dans le cadre de la loi Macron, ce lundi, en commission à l’Assemblée nationale. "Je veux dire mon incompréhension et ma préoccupation face à l’amendement qui remet en cause la loi Evin" , a déclaré la ministre. "La loi Macron ne peut pas servir à détricoter les politiques de santé publique" , a -t-elle poursuivit enjoignant tout un chacun à "prendre ses responsabilités".

Une position partagée par le porte-parole du gouvernement et ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll. "Il faut faire très attention aux équilibres de la loi Evin dès qu’on rouvre ce débat. Quelles sont les limites qu’on y met ?" , a mis en garde Stéphane Le Foll. La disposition propose d’alléger les contraintes encadrant la publicité pour l’alcool en permettant de différencier information et publicité. " Certains médias comme Le Parisien ou Paris Match ont été condamnés parce qu'ils ont fait des articles sur des régions viticoles" , a expliqué de son côté le sénateur de Gironde, Gérard César (Les Républicains, ex-UMP), instigateur de l'amendement controversé. 

"Nous sommes en faveur de la loi Evin et de l'éducation des jeunes à la consommation de vin" : Gérard César, sénateur de Gironde.

Le poids des lobbies

Une affirmation inexacte pour Bernard Basset, secrétaire adjoint de l'ANPAA (Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie), qui a fustigé les déclarations du sénateur. "On n’a jamais condamné un média de presse pour avoir fait un reportage sur la Bourgogne ou sur les vins de Bordeaux. Ce qui a été condamné ce sont des publicités érotisées ", a-t-il rappelé.

Les dépenses de publicité du secteur de l'alcool s'élèverait, selon lui, à 360 millions d'euros par an contre 3,5 millions pour les campagnes de prévention. "Est-ce que les 14  % de jeunes qui s'adonnent  aujourd'hui au 'binge-drinking' doivent être demain 25  % ?" , s'est-il interrogé fustigeant un amendement qui "va dans le sens des lobbies de l'alcool ".

"Derrière cette manœuvre il y a de grands groupes de communication et de grands groupes industriels" : Bernard Basset, secrétaire adjoint de l'Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie.

Dans les colonnes du Parisien , l’ancien ministre de la Santé, Claude Evin, instigateur de la loi homonyme votée en 1991, s’est dit "très inquiet ". Il a réitéré ses craintes, en fin d'après-midi, sur France Info : "si cet amendement était approuvé on pourrait faire de la publicité sans limite en faveur de l'alcool [...] Face à cette situation, un juge sera dans l'impossibilité de pouvoir définir qu'il s'agissait de publicité. S'il y a des manquement, et il à la loi ils ne seront pas sanctionnés ."

"On ne peut pas lutter contre l'alcoolisme si en même temps on valorise ce produit par de la publicité" : Claude Evin, ancien ministre de la Santé.

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