Reportage "Stop à cette saignée" : à Marseille, les soignants manifestent pour réclamer un meilleur financement de l'hôpital public

Quatre syndicats du secteur de la santé et du médico-social ont appelé à se mobiliser pour augmenter les financements de l'hôpital public. Ils ont déposé un préavis de grève jusqu'à la fin de l'examen du projet de budget 2025 de la Sécurité sociale au Parlement.
Article rédigé par franceinfo
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Des manifestants rassemblés à Paris, mardi 29 octobre, contre "l'austérité" qui "tue l'hôpital". (ERIC BRONCARD / HANS LUCAS via AFP)

À Paris ou encore Marseille, des soignants se sont rassemblés mardi 29 octobre à l'appel de l'intersyndicale CGT, FO, Solidaires et UNSA. Les syndicats dénoncent le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025, discuté à l'Assemblée nationale en ce moment. Plusieurs propositions font polémique, comme l'augmentation prévue du budget bien en deçà de ce que demandent les professionnels de santé, ou encore l'alignement des salariés de la fonction publique sur ceux du privé en ajoutant deux jours de carence en cas d'arrêt maladie.

Autant de raisons qui ont poussé la CGT des Bouches-du-Rhône à se rassembler mardi matin devant le siège de l'AP-HM, les hôpitaux de Marseille. Devant le portail, une vingtaine de soignants écoute Greg Fontaine, infirmier à la Timone, gilet rouge et jaune siglé CGT sur le dos. "Le gouvernement a décidé en 2025 une évolution misérable de 2,8% du budget alloué aux établissements de santé", lance-t-il à la foule, jugeant que "ce serait encore moins d'effectifs dans les services de soin". L'infirmier conclut : "Stop à cette saignée austéritaire."

Des soignants à bout, "obligés de faire face"

La question des effectifs fait immédiatement réagir Nathalie avec sa blouse blanche, elle qui a déjà l'impression d'être à bout dans son service de radiologie. "Parfois, tu fais des baisses de tension parce que tu es submergée par le travail qui est là et il faut faire face. On ne peut pas dire qu'on est fatigués, on est obligés de faire face. Demain, tu peux avoir un arrêt cardiaque et tu seras remplacée. On est des matricules finalement", dénonce-t-elle.

Faire encore plus avec moins de moyens est donc totalement inconcevable pour elle. À sa gauche, Pascale Jourdan, une infirmière au bloc qui comprend la nécessité de faire des économies. "Mais il y a d'autres économies à faire. On donne je ne sais pas combien de milliards à l'armement et à la guerre", tranche-t-elle. La situation actuelle, notamment aux urgences, inquiète énormément Guillaume, infirmier.

"C'est déjà du tri sélectif. Il y a déjà des gens qui meurent parce qu'ils ne sont pas pris en charge. On meurt aux urgences, on meurt par manque de lit en chirurgie."

Guillaume, infirmier

à franceinfo

"Et au lieu de nous remercier, on vient de nous dire qu'on prend trop d'arrêts maladies et qu'il faut qu'on ait trois jours de carence", s'indigne Greg Fontaine, de la CGT. "C'est sous-entendre clairement que les agents de la fonction publique seraient des fainéants, que l'on choisirait de s'absenter pour maladie alors que les accidents du travail dans les hôpitaux publics explosent parce que nos conditions de travail sont infernales."  La CGT presse le gouvernement de revoir ses plans. Pour s'assurer que le message soit entendu, le syndicat appelle à la grève à manifester lundi 4 novembre, aux côtés de l'intersyndicale.

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