Santé : s'informer via les réseaux sociaux augmente les comportements médicaux à risque, selon une étude
S'informer sur les réseaux sociaux sur l'actualité médicale augmente les comportements médicaux à risque et est associé à de moindres connaissances en matière de santé. C'est ce que met en lumière une étude* de la Fondation Descartes** publiée jeudi 23 novembre par franceinfo avec le magazine L'Express. Le refus vaccinal ou le renoncement à un traitement médical apparaissent être les conséquences d'informations de santé erronées auxquelles les Français sont exposés sur les réseaux, précise la Fondation.
"La proportion d'informations de mauvaise qualité sur les sujets de santé, en particulier sur la vaccination, mais pas seulement, sur la nutrition, sur les cancers, etc., est plus grande sur les réseaux sociaux qu'elle ne l'est dans d'autres canaux d'information", souligne Laurent Cordonnier, sociologue et directeur de la recherche à la fondation Descartes, invité de franceinfo jeudi 23 novembre.
Selon cette étude, les Français qui s’informent "souvent" à "très souvent" sur des sujets de santé via YouTube sont 2,9 fois plus nombreux que les autres (29% contre 10%) à avoir déjà renoncé à un traitement médical en faveur d’une thérapie alternative. De même, ceux qui ont recours au réseau TikTok pour s'informer sont 2,7 fois plus nombreux que les autres (51% contre 19%) à avoir déjà refusé un vaccin recommandé pour eux-mêmes et/ou leurs enfants, hors Covid-19. Et les personnes interrogées passant par les groupes de messagerie Telegram pour s’informer sur des questions de santé sont deux fois plus nombreux que les autres (26% contre 13%) à avoir refusé le vaccin contre le Covid-19.
"Les faibles connaissances en santé et comportements médicaux à risque sont également liés à une sensibilité marquée aux thérapies alternatives et à l’ésotérisme, écrit la Fondation. Une telle sensibilité constitue vraisemblablement un terreau de croyances favorable au développement de conceptions médicales erronées."
Parmi les croyances répandues, celle "selon laquelle le chocolat noir pourrait soigner des troubles mentaux graves tels que la dépression est une croyance qui est adoptée par plus de 50 % de la population qu'on a sondé (sur 4 000 personnes sondées), note Laurent Cordonnier, et cette croyance-là, comme les autres croyances fausses en santé, est corrélée à l'utilisation des réseaux sociaux. C'est une des informations qui a circulé sur les réseaux sociaux, qui a circulé sur Facebook en particulier."
Le médecin reste la première source d'information
Plus généralement, la Fondation Descartes note que près de la moitié des Français (42,5%) se disent "très" à "extrêmement" intéressés par les informations de santé. La très grande majorité des citoyens continue même de privilégier les canaux traditionnels pour s’informer. Leur médecin reste la première source, 40,2% s’informent "souvent" à "très souvent" auprès de lui. Ils privilégient ensuite leurs proches (31,3%), et près d'un sur trois (27,8%) s'informe auprès des médias généralistes nationaux ou régionaux.
Si la part des réseaux sociaux reste faible en matière d'informations sur les sujets de santé, elle ne cesse de grandir. Facebook arrive en tête de ces canaux, avec 14,1% des personnes interrogées qui y ont recours "souvent" ou "très souvent", devant YouTube (10,5%) et Instagram (9,1%).
Une confiance dans les canaux traditionnels d'information
L'étude souligne enfin que les Français font plus confiance aux canaux traditionnels d'information que dans les réseaux sociaux en matière de santé. Plus de huit sur dix (84%) font "plutôt confiance" ou "tout à fait confiance" en leur médecin. Les trois quarts se disent confiants vis-à-vis de leur pharmacien (76,5%) comme vis-à-vis des établissements de santé (75%). Les personnes interrogées avouent par contre une confiance plus modérée dans les médias généralistes (29,4%). Et elles accordent un crédit très mesuré à YouTube (10,3%) et aux réseaux sociaux dans leur ensemble - Facebook, Twitter/X, Instagram, TikTok - (8,6%). Les groupes de messageries instantanées, type WhatsApp, n'inspirent confiance qu'à 7,5% des Français.
Pour contrer les effets de la désinformation sanitaire, la Fondation Descartes suggère de favoriser la diffusion sur les réseaux sociaux de contenus de santé de qualité, conformes à la connaissance scientifique. Elle plaide pour que ces contenus proviennent notamment d’influenceurs reconnus et soutenus par des professionnels de santé et des institutions scientifiques et médicales, tels que l'Académie nationale de médecine ou encore l'Inserm.
*Méthodologie : Pour cette étude sur l'information et la santé, la Fondation Descartes a mené une enquête, via un questionnaire en ligne auprès de 4 000 Français représentatifs de la population française métropolitaine majeure, réalisée du 12 au 26 juillet 2023.
**La Fondation Descartes est un institut de réflexion et de recherche qui se définit comme apartisane et pluridisciplinaire dédiée aux enjeux liés à l’information et au débat public à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux. Elle est constituée sous la forme d’un fonds de dotation de droit français.
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