Scandale du chlordécone : la reconnaissance de la responsabilité de l'État "ne peut pas être que symbolique" pour le maire de Pointe-à-Pitre
Alors que les députés ont adopté, jeudi 29 février, une proposition de loi reconnaissant la "responsabilité" de l'État dans le scandale de l'utilisation du chlordécone aux Antilles, le maire écologiste de Pointe-à-Pitre et avocat historique des victimes, Maître Harry Durimel estime, jeudi sur franceinfo, que la reconnaissance "ne peut pas être que symbolique". Le texte doit désormais être examiné par le Sénat. Pour rappel, le chlordécone est un insecticide toxique, utilisé dans les bananeraies, à l'origine de nombreux problèmes graves de santé et environnementaux, interdit en 1993 mais utilisé encore plusieurs années après dans les Antilles.
"Je pense que c'est une avancée, même si le but n'est pas atteint", estime le maire de Pointe-à-Pitre. La reconnaissance "ne peut pas être que symbolique", estime-t-il, alors que la région connaît le taux de cancer de la prostate le plus élevé au monde. Une reconnaissance symbolique, "ça ne fait plaisir qu'aux politiciens".
"Nous attendons que l'État reconnaisse sa responsabilité pour avoir autorisé par dérogation la prolongation de l'utilisation du chlordécone et d'avoir insuffisamment contrôlé la circulation jusqu'à encore récemment". L'avocat des familles de victimes martèle : "l'État a failli à son devoir constitutionnel de veiller à notre santé, et en ça, il est responsable !"
L'élu demande un plan de dépollution et d'indemnisation
Maître Harry Durimel attend surtout des actes en lien avec cette reconnaissance de responsabilité, "il doit y avoir une approche globale, à l'échelle du territoire, un plan pluriannuel de dépollution et d'indemnisation". Il estime que "même donner 20 à 30 000 euros à tout le monde ne réparera pas le mal qui est fait à nos régions qui, aux yeux des touristes, apparaissent comme des pays empoisonnés".
Le scandale du chlordécone affecte tellement la région, que l'avocat estime "que cela affecte même le lien patriotique". "L'État ne devrait pas nous laisser combattre autant", évoquant les dizaines d'années de procédure pour faire reconnaître le scandale, "c'est systémique, on a mis le fric avant la santé et on continue à faire de la politique politicienne, alors qu'il faudrait faire une entité neutre qui vienne juger et ordonner à l'État français et leur dire que faire pour compenser le mal qu'on nous a fait".
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