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Services d'urgences menacés de fermeture : "Un message très anxiogène"

Un rapport, révélé lundi, préconise la disparition d'un service d'urgences sur dix en France. Francetv info a contacté plusieurs directeurs de centres hospitaliers concernés pour prendre la température.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Capture d'écran de Google Streetview montrant l'entrée du centre hospitalier d'Embrun (Hautes-Alpes) dont le service des urgences est menacé de fermeture. (GOOGLE STREETVIEW)

Ils sont jugés trop petits. Au moins 67 services d'urgences sur 650 sont menacés de fermeture, d'après un rapport remis à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, et révélé par Le Figaro, lundi 31 août.

Pour déterminer s'ils sont assez attractifs, le rapport a fixé un chiffre : un service d'urgences doit enregistrer une affluence d'au moins "10 000 personnes par an, soit 1,1 patient par heure", d'après les chiffres issus de la base de données Hospi Diag agrégés par Le Figaro. Francetv info a contacté les directeurs de plusieurs établissements concernés.

"Cela encombrerait les services de Gap"

"Je n'étais pas au courant. Je l'ai appris en écoutant la radio", s'étonne Nadia Duchet, directrice du centre hospitalier d'Embrun (Hautes-Alpes). Pour elle, la fermeture des urgences serait d'autant plus regrettable qu'en 2014, le service d'Embrun a accueilli 9 353 patients, non loin du seuil de référence de 10 000 patients annuel.

"Il y a beaucoup de touristes, en hiver comme en été. En hiver, c'est pour le ski. En été, c'est pour le vélo ou pour la moto…" Sans compter que les vacanciers peuvent également pratiquer l'escalade et les sports d'eaux vives. Autant de sports qui peuvent engendrer des chutes et des blessures. "Le 15 août, c'était plein comme un œuf, assure Nadia Duchet. Il y a rarement des urgences vitales, mais si les blessés qui viennent devaient se rendre à Gap, cela encombrerait largement leurs services." De quoi aussi allonger d'environ une heure les trajets des patients.

"C'est une transformation, une évolution"

Directeur du centre hospitalier de Champagnole (Jura), Dominique Dubuy, lui, n'est guère étonné. Le service des urgences de son établissement a accueilli 7 309 patients en 2014. "Un projet de modification a déjà démarré début 2015 et, depuis, nous travaillons dessus, assure-t-il à francetv info. C'est une transformation, une évolution des services d'urgence, pas une fermeture."

Concrètement, le service des urgences va être remplacé par un centre de consultations non programmés (CCNP) en journée, du lundi au samedi. Le Smur, lui, continuera d'assurer un service permanent, et se chargera d'amener les patients dans les établissements des villes voisines (Lons-le-Saunier, Besançon et Pontarlier) lorsque le CCNP sera fermé. "Les vraies urgences, c'est de l'ordre de 20% de l'ensemble de ce qui nous arrive", fait valoir Dominique Dubuy. Mais, pour lui, fermer sèchement les urgences sans les remplacer par un autre service est impensable : "C'est très ancré de venir aux urgences, ici", assure-t-il.

"Pour moi, c'est non"

"Je ne suis pas du tout inquiet", assure pour sa part Jean-Philippe Sajus, directeur du centre hospitalier Ariège-Couserans (Ariège). "En 2014, on était à 10 227 passages au service des urgences. Cette année, à la fin août, nous sommes en augmentation de 4% par rapport à l'année passée pour la même période", précise-t-il.

"Pour moi, être désigné comme un établissement dans un état critique qui mériterait de fermer son service des urgences, c'est non. On a les effectifs requis et donc la sécurité qui va avec, et on a l'activité qu'il faut", argumente-t-il.

"La médecine de ville ne peut plus assurer la permanence des soins" toute l'année et 24 heures sur 24 dans des territoires comme celui où se trouve son établissement, souligne-t-il. Du coup, le service des urgences du centre hospitalier qu'il dirige "joue un rôle essentiel pour ne pas dire fondamental, dans la région, estime-t-il. C'est très anxiogène comme message [d'annoncer la fin des urgences]. (...) C'est le personnel qui va m'interroger et qu'il va falloir rassurer."

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