Autotests de dépistage du VIH : "Un nouvel outil pour les gens qui n'osent pas aller dans des centres spécialisés"
Alors que les autotests sont disponibles dans les pharmacies françaises depuis mardi, francetv info a interrogé Jérôme André, directeur de HF Prevention.
Il est défendu par la ministre de la Santé, Marisol Touraine. L'autotest de dépistage du VIH (le virus du sida) est mis en vente en France, dans les pharmacies, à partir du mardi 15 septembre. Ce kit donne une réponse en 15 minutes après le test d'une goutte de sang. En libre-service, il permet de se tester en toute discrétion.
Mais comment faire lorsque l'on découvre, seul chez soi, que l'on est séropositif ? N'est-ce pas trop difficile à vivre ? Francetv info a interrogé Jérôme André, directeur de HF Prevention, une association nationale de lutte contre le sida et les infections sexuellement transmissibles.
Francetv info : Apprendre que l'on est séropositif est traumatisant... Désormais, on peut l'apprendre seul, chez soi. L'autotest est-il vraiment une bonne idée ?
Jérôme André : Une personne qui achète un autotest se pose déjà la question de ses prises de risques et de son éventuelle séropositivité. Elle le redoute fortement. Un autotest coûte entre 25 et 28 euros. Quand on est prêt à débourser cette somme plutôt que d'aller dans un centre de dépistage où cela peut être gratuit, c'est que l'on s'attend à une mauvaise nouvelle.
Dans l'autotest, sur la boîte et sur la notice, il est indiqué en gros le numéro de Sida info service (0 800 840 800), qui assure un service gratuit et anonyme, sept jours sur sept et 24 heures sur 24. Il y a aussi des indications à suivre dans le cas où le test est positif : consulter un médecin, aller faire une vérification avec un test en laboratoire. Nous sommes en France, l'ensemble du dispositif de suivi est plutôt efficace.
Oui, mais la personne qui apprend sa séropositivité est peut-être seule...
Aux Etats-Unis, il y a des autotests depuis plusieurs années [des autotests salivaires depuis 2012, comme l'indique le Centre national du sida et des hépatites virales] et je n'ai jamais entendu parler de problèmes particuliers. Même si l'on découvre seul que l'on est séropositif, on ne se suicide pas pour autant.
Dans tous les cas, apprendre que l'on est séropositif, c'est pire qu'un coup de massue. Et lorsqu'ils sont porteurs du virus, les gens, à un moment, se retrouvent seuls face à leur séropositivité.
Evidemment, la personne qui apprend la nouvelle ne va pas se sentir bien. Pendant deux ou trois jours, elle va se demander si c'est vrai ou pas. Mais elle ne peut pas vivre avec le doute. Quoi qu'il arrive, elle va se confier à un proche, en parler à un professionnel ou à une personne spécialisée : au pharmacien à qui elle a acheté l'autotest, à son médecin, à une association. Ou peut-être qu'elle va aller faire un test en laboratoire.
Mais une fois que c'est confirmé, on est dans la boucle de soins. C'est le principal. Plus tôt on est dépisté, plus tôt on est soigné, plus tôt on se protège et on protège les autres, plus tôt on gagne en durabilité. C'est capital.
Donc, pour vous, l'autotest est une bonne chose ?
C'est un nouvel outil qui peut amener vers le dépistage des gens qui n'osent pas aller dans des centres spécialisés. Prenez des personnes qui ont des comportements à risque, qui ont parfois une dizaine de rapports sexuels par jour. Ces gens-là n'osent pas aller dans des centres de dépistage pour ne pas qu'on leur fasse la morale.
L'autotest est plus discret. C'est un peu comme un test de grossesse, un peu comme lorsque j'achète des préservatifs et que je ne veux pas que mon pharmacien habituel le sache. Je peux aller dans une pharmacie anonyme, qui n'est pas la mienne, acheter mon autotest et le réaliser.
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