Greffes de rein : pourquoi une centaine d'organes prélevés sont finalement détruits chaque année en France

Dans la majorité des cas, il s'agit de greffons qui se sont dégradés. Il peut aussi s'agir de difficultés rencontrées par le chirurgien. Explications.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Deux chirurgiens du CHU de Toulouse lors d'une transplantation de rein en 2015. (- / CHU TOULOUSE)

Chaque année en France, une centaine de reins prélevés sur des donneurs ne sont pas utilisés et doivent être détruits. Dans la plupart des cas, la raison tient au fait que l'organe s'est dégradé, mais il peut aussi avoir été abîmé par le chirurgien au moment du prélèvement. 

L'Agence de la Biomédecine, établissement chargé des prélèvements et des greffes, fait tout pour éviter ces "aléas thérapeutiques" qui ont un lourd impact sur les malades.

Reins "impropres" à la transplantation

Quand un rein vient d'être prélevé sur un donneur en état de mort cérébrale, il arrive, malgré une batterie de tests et d'examens, que les équipes médicales découvrent une tumeur indétectable ou que l'organe se soit dégradé. C'est ce qui se passe pour 90% de ces reins prélevés puis détruits.

Mais parfois, cela relève du chirurgien, comme l'explique le Professeur François Kerbaul directeur des prélèvements et des greffes à l'Agence de la Biomédecine. "Il reste 10% des cas, environ 20 greffons rénaux par an, qui vont être prélevés et non greffés pour des raisons - souvent - de difficulté technique chirurgicale. C'est ce que l'on appelle l'aléa thérapeutique", précise le spécialiste. Avant de décrypter : "La technique de prélèvement chirurgical induit une lésion d'une artère, d'un uretère, qui rendra cet organe impropre à la transplantation secondaire. 20 greffons rénaux au national l'année dernière, sur 3 525 greffes rénales réalisées en 2023." 

"Appel manqué de greffe"

Lorsque les médecins s'aperçoivent que le rein est inutilisable, les patients en attente de greffe sont parfois déjà dans la salle d'opération. L'association de malades des reins Ranaloo a une expression pour ce type situations, glisse son porte-parole Bruno Lamothe : "C'est ce qu'on appelle l'appel manqué de greffe puisqu'une personne reçoit un appel pour la greffe, elle se prépare, elle va dans le CHU et elle se réveille le lendemain matin, elle n'est pas greffée..."

"On a des personnes qui ont vécu plusieurs fois l'appel manqué. L'une d'elles était une de nos bénévoles. Elle est morte cette année après plusieurs appels de greffe. Elle estimait que c'était une injustice qui lui était faite."

Bruno Lamothe

à franceinfo

Un greffon, c'est potentiellement une vie sauvée. Le moindre raté est donc suivi de très près par le Professeur Kerbaul. "Nous débriefons systématiquement ces incidents, même s'ils sont rares, pour pouvoir intervenir, prodiguer des mesures correctrices et réduire sans cesse l'incidence de ces problématiques." 

L'Agence de la Biomédecine propose notamment des formations pour apprendre aux chirurgiens à mieux maîtriser le prélèvement d'organes.

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