Course contre la montre pour éviter l'amputation à l'alpiniste Elisabeth Revol
C’est la fin d’un long cauchemar pour Elisabeth Revol, arrivée en France le 30 janvier au soir. Après un sauvetage périlleux dans l’Himalaya, cette alpiniste française est aujourd’hui saine et sauve. Mais son état de santé reste fragile : elle souffre de sévères gelures aux orteils et aux mains. Elisabeth Revol devrait rester huit jours à l’hôpital, selon le Dr Frédéric Champly, chef de pôle urgences-médecine de montagne à L’Express. Elle y recevra chaque jour des injections intraveineuses de vasodilatateurs et bénéficiera d’une séance d'oxygénothérapie en caisson hyperbare pour tenter de récupérer ses tissus. Une première estimation de l’atteinte osseuse des gelures pourra être établie dans une semaine. Les médecins pourront alors décider, ou non, d’une amputation.
© Dr Emmanuel Cauchy
Cette prise en charge est particulière. En effet, ce protocole est d’habitude administré dès le sauvetage du patient. Or, dans le cas d’Elisabeth Revol, elle a d’abord été prise en charge au Pakistan, où les médecins ont mis 24 heures pour trouver l’équivalent de ce traitement. Médecin urgentiste, guide de haute-montagne et spécialiste des pathologies de l'altitude et du froid, le Dr Emmanuel Cauchy a suivi la patiente à distance. "On n’est pas dans la meilleure configuration. Si on avait eu la personne à Chamonix, on aurait pu guérir ses gelures. Là, on n’est pas dans les meilleures conditions."
Une histoire humaine tragique
Le coéquipier d’Elisabeth Revol, Tomek Mackiewicz, n’a pas pu être sauvé. Il souffrait de graves gelures et d’ophtalmie des neiges, un trouble de la vision causé par la forte luminosité en haute montagne. Avec l’altitude et le manque d’oxygène, il a également été frappé par le "mal des montagnes", un syndrome qui peut provoquer des œdèmes bénins sur la peau, mais également des œdèmes mortels. "Là où ça ne se passe pas bien, c’est dans le cerveau et au niveau des poumons. Dans le cerveau, vous avez un gonflement au niveau d’une boîte qui ne bouge pas. Il y a donc une compression, et ça se transforme en œdème cérébral, un peu comme une hypertension intracrânienne. Et puis, au niveau de poumons, ça évolue vers une noyade, puisque le seul endroit où peut aller le liquide en question, le plasma, ce sont les alvéoles pulmonaires, et ça gène la respiration."
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