Stratégie pour les aidants : "Plutôt qu'une stratégie, ça ressemble plutôt à un amas de petites mesures", estime une médecin, experte de la question des proches aidants

Hélène Rossinot, spécialiste de santé publique, salue les 6 000 places de "répits" annoncées par la Ministre des Solidarités Aurore Bergé, mais affiche son agacement face à un "amas de petites mesures".
Article rédigé par franceinfo - France Bleu Sud Lorraine
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Personnage agée et son aidant dans un Ephad d'Angers le 18 juillet 2022 (JOSSELIN CLAIR / MAXPPP)

"Soyons honnêtes, plutôt qu'une stratégie, je trouve que ça ressemble plutôt à un amas de petites mesures", a réagi vendredi 6 octobre dans l'émission "Bonjour docteur" sur France Bleu le docteur Hélène Rossinot, spécialiste de santé publique et médecine sociale, experte de la question des proches aidants, alors que la ministre des Solidarités Aurore Bergé a annoncé la "stratégie Agir pour les aidants 2023-27" du gouvernement.

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Le plan prévoit notamment la création de "6 000 places supplémentaires de répit" pour les personnes âgées et les personnes handicapées afin de permettre à leurs proches aidants de souffler. Hélène Rossinot dénonce une annonce qui est, selon elle, "un amas de petites mesures qu'il fallait sortir un 6 octobre parce que c'est la journée nationale et qu'il fallait bien dire quelque chose plutôt qu'à un plan réfléchi et basé sur le terrain".

"C'est toujours mieux que rien"

La soignante salue les 6 000 places supplémentaires de répit annoncées par le gouvernement. "C'est toujours mieux que rien", reconnaît Hélène Rossinot. Mais elle aimerait "avoir quelque chose de tangible qui fonctionne". L'experte tient à préciser que ce "type de répit ne s'applique pas à tout le monde. Il s'applique en particulier aux personnes, qui accompagnent une personne handicapée ou une personne vieillissante".

"Vous n'allez pas mettre votre conjoint atteint d'une maladie chronique dans un Ephad pour le week-end pour aller vous reposer, ça ne marchera pas."

Hélène Rossinot, experte de la question des proches aidants

Mais selon elle, si la personne aidante accompagne "quelqu'un qui a une maladie chronique, qui n'est ni vraiment handicapé, ou en tout cas pas assez, ni vieillissante, en tout cas qui n'a pas plus de 60 ans, il n'y a rien" pour elle. "Vous n'allez pas mettre votre conjoint atteint d'une maladie chronique dans un Ephad pour le week-end pour aller vous reposer, ça ne marchera pas." Et si la personne réside "au fin fond de la campagne", il n'y a pas "forcément des instituts ou des places d'accueil de jour, qui seront disponibles". Cette stratégie gouvernementale "est une raquette, qui a encore plus de trous qu'une raquette de tennis", ironise Hélène Rossinot.

La spécialiste de santé publique et médecine sociale fait part encore de son agacement que les choses n'avancent pas plus rapidement. "J'en ai un peu marre de répéter la même chose chaque année." Elle rappelle qu'en 2019, "il y avait déjà un plan pour les aidants, qui avait été réfléchi et qui était honnêtement pas mal du tout". Mais selon elle, "il y a un quart de ce plan qui a été suivi. Le reste, on l'attend toujours".

"Je reçois des messages tous les jours, de gens qui sont épuisés, qui ne savent plus vers qui se tourner, qui ont besoin de parler, qui ont besoin qu'on les accompagne, qu'on les aide", martèle Hélène Rossinot.

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