Témoignage "Ce sont comme des coups d'aiguille ou de couteau" : après la pose d'implants vaginaux, Sandra raconte son calvaire médical

Depuis 2020, 113 femmes ont porté plainte pour “tromperie” et “blessures involontaires” après l'implantation de tels dispositifs médicaux.
Article rédigé par franceinfo - Mathida Diaby
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Temps de lecture : 2 min
Les implants vaginaux, souvent constitués de bandelettes censées contenir les descentes d'organes, sont pointés du doigt pour les douleurs intenses qu'ils peuvent occasionner. (IZUSEK / E+)

Une vie entre parenthèse à cause des douleurs. Comme de nombreuses femmes en France, Sandra, 47 ans, s'est vue poser des implants vaginaux, ces "bandelettes" censées renforcer le périnée contre les fuites urinaires ou plus rarement, contre les descentes d'organes. Chaque année, 30 000 de ces prothèses sont posées à travers le pays. Mais cet acte n'est pas sans risque, alertent certaines patientes, qui évoquent des complications importantes : saignements, déchirures, troubles musculaires ou neuropathiques.

Depuis 2020, plus d'une centaine de femmes ont porté contre X pour "tromperie" et "blessures involontaires" après la pose d'implants vaginaux, des bandelettes posées pour renforcer le périnée afin de lutter contre les fuites urinaires ou les descentes d'organes. Toutefois ce dispositif provoque des complications importantes chez certaines femmes, avec des douleurs décrites comme insupportables et un état de handicap reconnu. C'est le cas de Sandra, dont deux des prothèses ont été retirées du marché quelques années après ses opérations.
Témoignage : Sandra raconte son calvaire médical après la pose d'implants vaginaux Depuis 2020, plus d'une centaine de femmes ont porté contre X pour "tromperie" et "blessures involontaires" après la pose d'implants vaginaux, des bandelettes posées pour renforcer le périnée afin de lutter contre les fuites urinaires ou les descentes d'organes. Toutefois ce dispositif provoque des complications importantes chez certaines femmes, avec des douleurs décrites comme insupportables et un état de handicap reconnu. C'est le cas de Sandra, dont deux des prothèses ont été retirées du marché quelques années après ses opérations. (Mathida DIABY)

"Quelques mois après, on m'a diagnostiqué une volumineuse rectocèle, une béance vulvaire, un affaissement du vagin, un déplacement du centre tendineux du périnée, ainsi qu'une légère incontinence à l'effort", déplore Sandra, opérée d’urgence après une descente d’organes, sept ans après son deuxième accouchement.

"Mon corps n’accepte pas ce qu’il a subi"

En 2022, elle se fait opérer une deuxième fois et les médecins lui posent deux nouvelles prothèses en polypropylène. Mais aujourd’hui, sont corps n'accepte plus les dispositifs implantés. "Après quelques semaines de convalescence, les douleurs ne passaient pas", se souvient-elle. "J'ai fait de la kiné, de la balnéo, de la TECAR thérapie, j’ai eu des injections de botox, des infiltrations, de la kétamine, de l'électro-stimulation." Rien n'améliorera sa situation de façon tangible. Malgré un parcours de soin intense, les médecins considèrent que Sandra atteinte d’un "syndrome myofascial", qu’on appelle aussi "syndrome douloureux régional complexe pelvien".

Aujourd’hui, son handicap est reconnu et estimé de 50 à 70% : "Ça me bloque régulièrement le bassin, ce sont des brûlures, des douleurs type névralgie avec comme des coups de couteau ou des coups d'aiguille, relate la quadragénaire. C'est vraiment le la douleur sciatique qui part de la fesse en passant par la jambe jusqu'au pied."

Plus d'une centaine de plaintes contre X

Depuis 2020, 113 femmes ont porté plainte contre X pour “tromperie” et “blessures involontaires”. La première de leurs demandes, comme l’explique Hélène Patte, l’une des avocates en charge du dossier, "c'est de faire reconnaître le lien qui existe entre ces dispositifs et les complications et handicaps qu'elles subissent". La deuxième est de "mettre fin au problème". Selon l’avocate, bien qu’ils soient efficaces dans la plupart des cas, "ces dispositifs sont toujours posés sans que les femmes soient plus informées aujourd'hui" sur les éventuels effets secondaires. 

Enfin, certaines de ces femmes, "ont tout perdu, ne peuvent plus travailler et ont vu leur vie de famille et sexuelle brisée", continue Mr Patte. Le troisième objectif de la plainte est donc indemnitaire. L’enquête, ouverte depuis octobre 2023, devrait permettre de déterminer qui des fabricants ou des médecins sont en cause dans le manque d’informations des patientes. La date du procès n’est pas encore arrêtée, mais les plaignantes commencent déjà à être auditionnées.

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