Tiers payant : les médecins entre attentisme et franche hostilité
"Je refuse l'idée de Français qui seraient irresponsables. Les gens qui ne vont pas voir des professionnels de santé aujourd'hui, c'est parce qu'ils n'arrivent pas à avancer l'argent ou parce qu'ils ont des difficultés financières ou des appréhensions, mais je ne crois pas qu'il y ait aujourd'hui des patients touristes ou des malades imaginaires du XXIe siècle ", a souligné jeudi matin la ministre de la Santé, en dévoilant la future loi de santé publique. Marisol Touraine a renchéri, parlant d'une véritable "avancée pour les patients ", à propos de la généralisation annoncée du tiers payants chez les médecins à l'horizon 2017. En clair, le patient n'aura plus à payer les 23 euros forfaitaires lors d'une visite médicale.
"Si la politique c'est faire du vent, on peut installer une éolienne sur le ministère de la Santé !" (Jean-Paul Hamon, Fédération des Médecins de France)
Ces propos n'ont en rien calmé la colère de la plupart des organisations professionnelles de médecins, qui avaient déjà pris la peine de réagir dès mercredi, quand la mesure a "fuité". Sur France Info, Jean-Paul Ortiz, de la Confédération syndicale des médecins de France, exhortait mercredi : "La carte Vitale ne doit pas devenir une carte de paiement ". Il a précisé sa pensée ce jeudi, parlant d'"incitation à une attitude consumériste ". Soit sensiblement la même opposition que Jean-Paul Hamon, qui représente la Fédération des Médecins de France. Selon lui, "les médecins utilisent le tiers payant pour les personnes qui en ont vraiment besoin ". Son argument est plus administratif, en termes de lourdeur de travail.
Autre réaction, celle de Roger Rua, le président du Syndicat des Médecins libéraux, pour qui "le dispositif n'est pas justifié économiquement". Pour lui, la généralisation du tiers payant est "un mauvais signal, le signal que la consultation est gratuite ".
Enfin, dans cet océan de contestation, une voix un peu moins discordante que les autres, celle de Claude Leicher, du syndicat MG France. Il ne critique pas par principe, mais parle d'une "inquiétude majeure ", induite par le système alourdi mis en place par la loi, à son sens.
Pour l'instant, seuls les bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU) et de l'aide médicale d'État (AME) bénéficient du tiers payant. En 2015, selon le nouveau texte, il sera étendu aux patients les plus modestes bénéficiant de l'aide à la complémentaire santé.
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