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Trois questions sur les papillomavirus humains, qui peuvent provoquer des cancers... y compris chez les hommes

Une étude parue mercredi dans "The Lancet Global Health" assure que près d'un tiers des hommes de plus de 15 ans sont atteints par au moins l'un de ces virus, qui peuvent aboutir à un cancer. Or, en France, la couverture vaccinale, notamment des hommes, reste très insuffisante.
Article rédigé par franceinfo
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Des images générées par ordinateur du papillomavirus humain (HPV), le 28 septembre 2016. (KATERYNA KON / SCIENCE PHOTO LIBRA / KKO / AFP)

Les femmes ne sont pas les seules touchées par les papillomavirus humains (HPV). Près d'un tiers (31%) des hommes de plus de 15 ans sont atteints par au moins l'un de ces virus, qui peuvent être responsables de cancers, selon un article paru dans The Lancet Global Health, mercredi 16 août. Voici ce qu'il faut savoir des HPV, alors qu'une campagne de vaccination pour les élèves volontaires de cinquième doit démarrer à la rentrée.

1Que sont les papillomavirus humains ?

Les papillomavirus humains regroupent plus de 200 types de virus, dont une centaine sexuellement transmissibles, qui sont à l'origine de diverses infections de la peau et des muqueuses. Il s'agit de l'infection sexuellement transmissible (IST) la plus fréquente, rappelle l'Institut national du cancer. En effet, environ huit personnes sur dix sont exposées à ces virus au cours de leur vie, selon le site vaccination-info-service.fr, lié à l'agence gouvernementale Santé publique France. A noter : les préservatifs n'apportent qu'une protection partielle vis-à-vis de l'infection, qui ne donne souvent lieu, elle-même, à aucun symptôme, ajoute la plateforme.

Si, la plupart du temps, le papillomavirus est bénin et s'élimine naturellement, l'infection liée à certains HPV à haut risque oncogène peut persister et aboutir à des lésions pré-cancéreuses, puis à un cancer, une à plusieurs décennies plus tard. "Plus de 6 000 cancers sont attribuables chaque année à une infection HPV", indiquait en février à l'AFP Sophie Vaux, coordinatrice de programme sur la surveillance de la couverture vaccinale à Santé publique France.

Il s'agit majoritairement de cancers du col de l'utérus (près de 3 000 cancers qui provoquent environ 1 000 décès par an), mais aussi de l'anus, de la sphère ORL, de la vulve ou du vagin, ou encore du pénis, détaille vaccination-info-service.fr.

2Que montre la récente étude du "Lancet" à leur sujet ?

Alors que l'épidémiologie des HPV chez les femmes est "bien documentée", les auteurs de l'étude parue dans le The Lancet Global Health mi-août ont voulu mieux cerner la manière dont ces virus touchaient les hommes, relativement délaissés par les travaux scientifiques sur ce sujet, écrivent-ils.

Ils ont passé en revue 65 études menées dans 35 pays entre 1995 et 2022, concernant près de 45 000 hommes de 15 ans et plus. Leur conclusion est que "les hommes sexuellement actifs, quel que soit leur âge, constituent un réservoir important d'infections génitales par le HPV". Près d'un tiers (31%) d'entre eux étaient en effet atteints d'une forme de papillomavirus. Surtout, un cinquième des hommes (21%) étaient porteurs d'un ou plusieurs HPV à haut risque, susceptibles de se transformer en cancer. Les plus touchés par au moins une forme de HPV étaient les hommes "entre 25 et 29 ans", la prévalence de ces virus "se stabilisant ou diminuant légèrement par la suite".

A noter que les résultats obtenus étaient semblables dans toutes les régions du monde, à l'exception de l'Asie de l'Est et du Sud-Est, où deux fois moins d'hommes étaient touchés par les HPV, selon les auteurs de l'étude, qui ne fournissent pas d'explication à ce phénomène.

Ces résultats "soulignent l'importance d'intégrer les hommes dans des stratégies globales de prévention du HPV", pour mieux les protéger, mais aussi pour mieux protéger les femmes, en freinant la "transmission" du HPV des hommes vers elles.

3Que peut-on faire pour réduire le nombre de cancers liés aux HPV ?

La vaccination, à l'adolescence, permet d'éviter la plupart des cancers liés aux papillomavirus. En France, elle est recommandée depuis 2007 pour les jeunes filles âgées de 11 à 14 ans (avec un rattrapage possible jusqu'à 19 ans). Depuis 2021, ces recommandations ont été élargies aux garçons du même âge, détaille vaccination-info-service.fr. Par ailleurs, la vaccination est aussi recommandée "jusqu'à l'âge de 26 ans chez les hommes ayant ou ayant eu des relations sexuelles avec d'autres hommes". Les adolescents immunodéprimés, ou candidats à une transplantation d'organes, peuvent également être concernés.

Mais, contrairement à de nombreux autres pays (Royaume-Uni, Espagne, Australie...), la couverture vaccinale contre les HPV reste très insuffisante, notamment chez les garçons : en 2022, 41,5% des filles de 16 ans ont été entièrement vaccinées, contre 8,5% des garçons, selon Santé publique France. Un résultat très loin de l'objectif de 60% de filles vaccinées à l'horizon 2023, fixé par la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 (antérieure à l'élargissement de la vaccination aux garçons).

Le président Emmanuel Macron a, certes, annoncé en début d'année une campagne de vaccination généralisée dans les collèges, auprès des élèves de cinquième. Mais il reste à voir comment cette mesure va se traduire sur le terrain, s'inquiétaient, en juin, les signataires d'un appel qui rassemblait l'Académie nationale de médecine, les principales sociétés savantes concernées (cancérologie, pédiatrie...) et des associations de patients.

"La vaccination en milieu scolaire sera un élément indispensable, mais insuffisant isolément."

Les signataires d'un appel aux pouvoirs publics

dans un communiqué de presse

Une première expérience menée dans l'est de la France a montré que "seuls 20% des parents ont consenti à la vaccination de leur enfant et seuls 16% des élèves ont pu être effectivement vaccinés". Au-delà de la campagne dans les collèges, les signataires demandaient des mesures plus larges, comme de pouvoir se faire vacciner gratuitement jusqu'à 26 ans pour tous, ou de lancer une "campagne d’information massive sur la vaccination et le dépistage".

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