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L'OMS approuve un vaccin antipaludique : "C'est porteur d'espoir", se réjouit un chercheur du CNRS

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé le déploiement massif d'un vaccin pour prévenir le paludisme. "Un moment historique", pour Benoît Gamain, directeur de recherche au CNRS.

Article rédigé par franceinfo
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Un médecin bénévole de l'organisation Médecins sans frontières (MSF) prélève un échantillon de sang d'un patient pour le tester contre le paludisme à son domicile à Barcelona, dans l'État d'Anzoategui, au Venezuela, le 16 mars 2021. (PEDRO RANCES MATTEY / AFP)

Benoît Gamain, directeur de recherche au CNRS, a estimé ce jeudi 7 octobre sur franceinfo que la recommandation de l’OMS pour le déploiement massif d'un vaccin pour prévenir le paludisme "est porteuse d'espoir". Même si le vaccin RTS,S ne prévient que 40% des cas, les nouvelles technologies, notamment l'ARN messager, laissent présager de l'arrivée dans l'avenir "de nouveaux vaccins" plus efficaces, selon lui.

franceinfo : Est-ce un moment historique ?

Benoît Gamain : Effectivement, c'est un moment historique parce que ça fait des décennies qu'on attend un vaccin contre le paludisme. Le vaccin RTS,S s'est développé par la société pharmaceutique GSK depuis 1987 et qu'il a fait l'objet de nombreux essais cliniques qui ont été couronnés de succès. Donc, cela fait 34 ans. Par contre, la limite, c'est qu'il prévient uniquement 40% des cas de paludisme et seulement 30% des formes graves. On peut dire que si on sauve 3 enfants sur 10, c'est déjà bien. C'est un vaccin de première génération qui a été développé depuis 1987, les technologies évoluent et il faut continuer des vaccins plus efficaces. Et notamment, il y a un nouvel espoir en 2020 avec le nouveau candidat vaccinal de l'Université d'Oxford, qui est en fait très proche au niveau de la stratégie vaccinale qui affiche des taux d'efficacité beaucoup plus élevés, 77%.

Pourquoi le paludisme fait-il autant de victimes ?

Le parasite responsable du paludisme est un organisme très complexe. Il est composé d'énormément de protéines, contrairement à un virus. Le virus est composé d'une vingtaine de protéines, alors que le parasite a à peu près 6 000 protéines qui composent son génome. Donc, il est très difficile de cibler la bonne protéine. Et quand on cible la bonne protéine, que ce soit pour un vaccin ou pour un médicament, le parasite est capable de muter et donc de générer de nouveaux variants. Et c'est le même problème que ce qu'on a actuellement avec la Covid-19.

Les nouveaux vaccins ARN messager ont-ils accéléré la recherche contre le paludisme ?

Oui. J'ai été en contact avec la société Moderna il y a maintenant trois ou quatre ans pour parler d'un développement vaccinal contre le paludisme. On en est arrivé à la conclusion qu'il y avait un problème de financement et que pour l'instant, la technologie n'était pas suffisamment mature. Maintenant, on a vu que l'ARN messager était sûr en vaccinant des milliards de personnes dans le monde et que BioNtech vient d'annoncer un programme, on peut imaginer que beaucoup de sociétés vont se lancer sur le développement vaccinal contre le paludisme, mais contre d'autres maladies. Effectivement, la crise du Covid, malgré l'impact négatif qu'elle a eu pendant ces deux dernières années sur le paludisme, notamment au niveau des traitements et au niveau de l'accès aux patients, va permettre de générer de nouvelles technologies, de nouveaux traitements et de nouveaux vaccins contre le paludisme.

Peut-on espérer d'en finir avec le paludisme ?

C'est porteur d'espoir. On l'attendait depuis longtemps et maintenant, il faut continuer à financer la recherche pour le développement d'un vaccin plus efficace. Il ne faut surtout pas s'arrêter à ce vaccin. Il faut aussi continuer les mesures de prévention. Les moustiquaires imprégnées d'insecticide, les traitements antimalariques qui viendront bien évidemment compléter cet arsenal.

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