Vaccination contre le papillomavirus : "Le milieu scolaire est un milieu très propice à la vaccination", estime l'infectiologue Elisabeth Bouvet
"Le milieu scolaire est un milieu très propice à la vaccination" contre le papillomavirus, plaide ce mardi sur franceinfo la professeure Elisabeth Bouvet, présidente de la Commission technique des vaccinations à la Haute autorité de santé (HAS), alors qu'Emmanuel Macron doit faire une annonce sur le sujet dans la journée, à l'occasion d'un déplacement en Charente.
L'infection à papillomavirus humain (HPV) se transmet par voies sexuelles et provoque plus de 6 000 cancers par an. Pour l'éradiquer, un vaccin existe. La HAS avait déjà établi quelques recommandations en 2019, appelant à élargir la vaccination "aux garçons de 11 à 14 ans". Or, l'infectiologue Elisabeth Bouvet constate un "retard" dans la couverture vaccinale, avec un taux de 37% pour les filles et de 9% pour les garçons.
franceinfo : Pour quelles raisons, selon vous, la vaccination contre le papillomavirus patine en France ?
Elisabeth Bouvet : Peut-être que le début de la campagne et les recommandations ont été un peu tardives dans notre pays. Il faut donc rattraper ce retard. Néanmoins, il y a des signes positifs : la couverture vaccinale, c'est-à-dire la proportion de jeunes filles vaccinées, a récemment augmenté, et ce, probablement, et un peu paradoxalement, parce qu'on a recommandé aussi la vaccination chez les garçons. Le fait de prôner la vaccination aux enfants des deux sexes à partir de 11 ans a été incitatif. Ça permet de mieux parler de la vaccination et de mieux la proposer en ce qui concerne les médecins.
Quels cancers les papillomavirus peuvent-ils provoquer ?
La majorité des cancers liés au HPV sont des cancers du col de l'utérus, mais il y a aussi des cancers rectaux présents chez les hommes, notamment ceux qui ont des relations sexuelles avec les hommes. Beaucoup de cancers au niveau de l'amygdale ou de la gorge sont liés au HPV et surviennent plus fréquemment chez les hommes que les femmes.
De quoi le vaccin protège-t-il exactement ?
L'efficacité immunitaire de ce vaccin est excellente. Vis-à-vis des infections HPV, elle est très bonne mais comme ces lésions mettent beaucoup de temps à se constituer, on met beaucoup de temps à observer l'efficacité du vaccin. Le vaccin empêche la persistance de la présence des virus chez les personnes, et donc ça empêche les lésions précancéreuses. On commence à observer en France une diminution des lésions précancéreuses liées à ces virus. Il faut 20 ans pour observer une diminution franche. Dans les pays où la couverture vaccinale est élevée, notamment l'Australie et le Royaume-Uni, on commence à voir une diminution des cancers du col de l'utérus.
Le vaccin doit-il être systématiquement proposé au collège ?
Je pense que c'est une excellente idée. Dans notre recommandation faite par la Haute autorité de santé en 2019, nous disions qu'il était important que les garçons soient vaccinés, qu'il fallait vacciner les enfants des deux sexes et que le milieu scolaire était un milieu très propice à la proposition de la vaccination. On appelait à ce que cette mesure soit prise, donc on est content que des initiatives de ce genre-là se fassent. Une des clés de la réussite de cette campagne de vaccination anti-HPV, c'est qu'à 11-13 ans, on puisse informer, proposer et faire pratiquer la vaccination en milieu scolaire. On a aussi proposé, d'élargir aux professionnels qui peuvent prescrire puis administrer le vaccin, notamment les pharmaciens. Le pharmacien est un intermédiaire important dans la vie des Français. Qu'il puisse parler de la vaccination avec les parents, les enfants et qu'il puisse vacciner, ça peut jouer un rôle complémentaire extrêmement important.
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