Vidéo JO de Paris 2024: d'où viennent ces traces rouges sur le corps de certains athlètes ?

Depuis le début des Jeux de Paris, plusieurs sportifs sont apparus avec des ronds violacés sur le dos ou les bras. Ce sont des marques laissées par la "ventouse-thérapie" qui doit permettre une meilleure récupération.
Article rédigé par franceinfo - Aurore Richard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le nageur italien Nicolo Martinenghi aux Jeux de Paris, le 27 juillet 2024. (ANDRE WEENING / ORANGE PICTURES / AFP)

Les spectateurs et téléspectateurs des JO de Paris 2024 ont certainement remarqué ces taches rondes de couleur rouge sur le corps de certains athlètes. Le nageur italien Nicolo Martinenghi en a une dizaine dans le dos, même chose pour le boxeur algérien Mourad Kadi. Il y a quelques années déjà, le nageur Michael Phelps et le footballeur Karim Benzema étaient, eux aussi, apparus sur les réseaux sociaux avec ces mêmes ronds violacés.

D’où viennent ces taches ? Sont-elles dues à une allergie ou une maladie ? Les internautes s'imaginent des causes aussi diverses que variées... Ce sont en fait des marques laissées par des séances de "hijama", aussi appelé "cupping" thérapie, autrement dit en français, "ventouse-thérapie". C’est une technique ancestrale chinoise basée, donc, sur l’utilisation de ventouses.

"Les ventouses ont plusieurs effets, explique David Redrado, ostéopathe du sport dont la "ventouse-thérapie" est l'une des spécialités. Il y a d'abord un effet mécanique qui est lié à l'aspiration de la ventouse sur la peau. Celle-ci va créer un étirement topographique et local au niveau de la peau et des structures qui sont juste en dessous, c'est-à-dire les fascias, les muscles, etc. Et il y a aussi un aspect hémodynamique. La succion va créer un afflux de sang au niveau de la zone. Ce sang véhiculant des nutriments, cela va permettre à la zone de récupérer plus rapidement". 

"Cela peut entrer en jeu sur une phase de cicatrisation ou de récupération entre deux courses de natation."

David Redrado, ostéopathe

à franceinfo

Ces effets sont-ils prouvés scientifiquement ? D’après une étude publiée en 2012 dans la revue scientifique américaine PLOS one, la "ventouse-thérapie" a un effet "potentiel" sur l’acné, l'herpès ou encore, la paralysie faciale. Peut-elle aussi soulager la douleur ? Il n’y a aucune donnée probante selon le Conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes. 

'Pas fondée sur la science"

"L'Ordre a émis un avis (en 2021) sur la 'ventousothérapie'. Étant donné qu'elle est dénuée de toute preuve d'efficacité, elle n'est pas, au titre de la déontologie, une bonne pratique. Elle n'est pas fondée sur la science. La déontologie impose à tous les kinésithérapeutes d'agir selon les données de la science donc cet avis de l'Ordre dit qu'il ne faut pas faire, voire interdit de faire. Il y a différents risques. Créer un hématome, selon moi, c'est créer une lésion. Sur ces Jeux, j'ai vu des nageurs avec des hématomes circulaires sur le dos, les épaules. Certes, cela peut se résorber, mais cela reste une lésion", estime Jean-François Dumas, secrétaire général du Conseil national de l'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes. 

"Est-ce utile de faire cela si derrière il n'y a pas d'effet ? Je ne pense pas"

Jean-François Dumas, de l'Ordre des kinésithérapeutes

Cette thérapie est pratiquée par des ostéopathes, des acupuncteurs ou des naturopathes. En revanche, la technique de la "ventouse humide" est illégale en France. Celle-ci implique de faire une incision dans la peau avant de poser la ventouse.

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