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Deux frères siamois séparés à l’hôpital Necker à Paris

L’opération est d’autant plus rare que cette malformation touche des filles dans 90% des cas. Cette fois, ce sont deux frères siamois, deux enfants originaires de Madagascar, qui ont été séparés hier matin à l’hôpital Necker-Enfants Malades de Paris…
Article rédigé par franceinfo
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Imahagaga et Imahalatsa sont nés le 16 juin dernier à Madagascar. Reliés l’un à l’autre par le thorax et l’abdomen, avec un foie pour deux.

L’opération destinée à les séparer aura duré six heures, et mobilisé quatre anesthésistes, six chirurgiens et des panseurs, soit une équipe d’une vingtaine de personnes sous la responsabilité du Professeur Yann Révillon, chef du service de chirurgie viscérale de l’hôpital Necker-Enfants Malades (Paris).

Les deux petits Malgaches vont bien. Ils sont "sous assistance respiratoire modérée", précise le Professeur Révillon. Une fois remis, les deux enfants ne devraient conserver que peu de séquelles. Une jolie cicatrice, et peut-être une légère déformation thoracique à surveiller dans les prochaines années.

Un vrai succès médical, en partie parce que "la vascularisation du foie et les conduits biliaires étaient bien individualisés, donc nous savions qu'il était
possible de sauver ces deux jumeaux et de leur offrir un vie normale", a expliqué le Professeur Yves Aigrain, qui a participé à l'opération.

C’est déjà cette équipe qui avait réussi à séparer deux sœurs siamoises originaires du Royaume-Uni en 2001. Mais la séparation de deux garçons est d’autant plus rare que les cas de "grossesse gémellaire monochoriale monoamniotique" – des jumeaux fusionnés – touchent des filles à 90%. Et dans tous les cas, cette malformation ne concerne pas plus d'une grossesse pour 100.000.

Une autre équipe française avait déjà réussi cet exploit chirurgical, à Marseille en 1998. Il s'agissait déjà de deux enfants réunis par le foie.

Puis en 2005, deux frères de 15 mois, Mohammed et Souleyman, reliés par la moelle épinière à la base du dos, avaient été séparés, à Marseille également.

La formation des siamois survient très tôt dans le développement de l’embryon, quelque temps après l’ovulation, lorsque la séparation n’a pas lieu rapidement. Selon le point de réunion des jumeaux, l’opération peut se révéler très périlleuse, au point que les chirurgiens en arrivent à décider de ne pas la faire. Notamment lorsque les deux enfants sont reliés par la tête, ou bien avec un seul cœur.

Gilles Halais avec agences

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