Avec la sonde chinoise Chang'e 6, la France envoie son premier instrument sur la Lune
Un petit peu de la France dans les bagages. La sonde chinoise Chang'e 6 s'est envolée vers la Lune, vendredi 3 mai, pour explorer sa face cachée et en ramener des échantillons sur Terre. A cette occasion, elle embarque un instrument scientifique franco-chinois, le premier jamais envoyé par la France sur la surface lunaire. DORN (Detection of Outgassing RadoN) est l'un des quatre instruments étrangers voyageant à bord de Chang'e 6, qui doit se poser début juin dans le bassin Aitken près du pôle sud de l'astre.
L'instrument de 4,5 kg est dédié à la mesure du radon, un gaz radioactif produit de façon continue dans le sol lunaire (appelé régolithe) par la désintégration de l'uranium, précise le Centre national d'études spatiales (Cnes) qui pilote le projet. Pour la première fois, l'instrument mesurera la concentration de ce gaz présent à la surface, ce qui permettra d'étudier l'atmosphère extrêmement ténue de notre satellite naturel appelée exosphère, ajoute l'agence spatiale française.
Une observation sur la mobilité du radon
Les scientifiques étudieront aussi la manière dont le radon se déplace à la surface lunaire, "où sa durée de vie n'est que de cinq jours", a expliqué Pierre-Yves Meslin, responsable scientifique de DORN, du nom du physicien Friedrich Dorn qui a découvert le radon. L'idée est de comprendre "la mobilité de ce gaz dans l'environnement lunaire, pour pouvoir ensuite caler des modèles de transport et les appliquer à des éléments plus complexes comme les molécules d'eau", avait expliqué, fin avril, ce chercheur de l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie (Irap).
En direct à 10h30 : le lancement de DORN à bord d’une fusée Longue Marche 5 depuis le centre spatial de Wenchang 🇨🇳 Embarqué sur l'atterrisseur chinois Chang'e 6, il sera bientôt le 1er instrument 🇫🇷 actif à la surface de la Lune.
— CNES (@CNES) May 3, 2024
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On sait que la Lune contient de la glace d'eau, cachée dans les cratères des régions polaires froides où elle est protégée de la lumière du Soleil. Mais on ignore en quelle quantité, alors que les agences spatiales voient l'eau lunaire comme une ressource essentielle pour les futures installations humaines. Il est donc crucial de comprendre "comment les molécules d'eau et les gaz en général, qui sont produits dans les régions chaudes, arrivent à atteindre les régions froides", pour arriver "in fine à évaluer la quantité d'eau", a dit Francis Rocard, astrophysicien au Cnes.
DORN n'opèrera qu'une trentaine d'heures en surface, avant de compléter ses observations depuis l'orbite. "C'est court mais ça suffira à faire des mesures beaucoup plus sensibles que les précédents satellites", a souligné Pierre-Yves Meslin. La France a "bon espoir" que la Chine lui fournira des échantillons que Chang'e 6 rapportera sur Terre, pour les analyser en laboratoire, notamment au Commissariat à l'énergie atomique.
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