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Vidéo "On buvait les paroles de la télé" : vous nous avez raconté la nuit où l'homme a marché sur la Lune

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Témoignages : ils nous racontent ce qu’ils faisaient quand le premier homme a marché sur la Lune.
Témoignages : ils nous racontent ce qu’ils faisaient quand le premier homme a marché sur la Lune. Témoignages : ils nous racontent ce qu’ils faisaient quand le premier homme a marché sur la Lune.
Article rédigé par Marion Bothorel - Auriane Guerithault
France Télévisions - Rédaction Sport

Cinquante ans après, les souvenirs restent impérissables. En voici une sélection.

Juillet 1969. Au cœur de l'été, près de 700 millions de personnes assistent en direct, partout dans le monde, aux premiers pas de l'Homme sur la Lune. En France, cet évènement sans précédent est diffusé le 21 juillet 1969, à 3h56 du matin. En pleine nuit, des millions de Français luttent contre le sommeil pendant plusieurs heures, allumant la télé ou la radio, tirant leurs enfants du lit ou se précipitant au bistrot du coin ouvert pour l'occasion, afin de ne rien rater de ce "grand pas pour l'humanité".

Alors qu'est célébré cette année le cinquantième anniversaire de ce moment historique, franceinfo a souhaité recueillir vos souvenirs. Vous avez été des centaines à partager vos anecdotes sur ces deux heures que Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins (resté dans la navette spatiale) ont passé à la surface de la Lune. Elles restent pour bon nombre d'entre vous un souvenir impérissable.

"Même ma maman était silencieuse"

Dans la nuit du 20 au 21 juillet, après avoir soufflé sa treizième bougie, Nydia Kahns-Sciboz est réveillée en pleine nuit par son père : "Il m'a dit qu'il avait une belle surprise pour mon anniversaire. Ce n'était pas du tout dans ses habitudes d'être comme ça donc j'étais très inquiète." Toute la famille se réunit alors dans le salon. "Il m'a dit : 'Ça y est, les hommes vont marcher sur la Lune'. Il y avait un grand silence, même ma maman qui parle tout le temps était silencieuse."

L'émotion de son père, né en 1896, face à cette avancée technologique majeure, frappe la jeune fille pour longtemps. "Je me rappellerai toujours, dans ce petit écran noir et blanc, quand Neil Armstrong pose son pied, la poussière se soulève sur la Lune." Les souvenirs sont toujours vivaces pour Marie-José Aubier, 20 ans ce jour-là : "Je me rappelle qu'après avoir posé leurs pieds sur le sol, les deux astronautes sont tombés dans les bras l'un de l'autre. On aurait dit qu'ils dansaient."

"On allait chez nos voisins regarder la télé"

Assister au premier pas lunaire de l'homme, en direct à la télévision, était déjà un évènement en soi. Et pour cause : l'objet n'avait pas encore gagné l'ensemble des foyers, rappelle La Revue des médias. Beaucoup en loue ou en achète pour l'occasion, la partageant parfois avec les voisins. Dans les jours précédant l'alunissage, les émissions dédiées à l'évènement s'enchaînent et la pression monte. Les Français suivent les étapes du programme Kennedy, avec les tours de la fusée en orbite autour de la Lune et le détachement du module lunaire.

Une famille devant sa télévision, le 21 juillet 1969, pour regarder les premiers pas de l'homme sur la Lune. (AFP)

"Il n'y avait qu'une seule télévision dans le quartier et les gens se précipitaient pour voir quelques images. Les enfants n'étaient pas admis", se rappelle ainsi Gilles Lemounaud, 14 ans à l'époque. "On allait chez nos voisins polonais pour regarder les premiers pas, le décollage, les commentaires..." Dans l'histoire de la télévision, l'alunissage des trois astronautes est l'un des premiers évènements retransmis en direct. Cette première comprend son lot de légers ratés, comme le raconte Antoine Bru, 9 ans à l'époque : "L'image que j'ai est à l'envers. Le module lunaire est à l'envers. Les deux commentateurs [Michel Anfrol et Jean-Pierre Chapel] tentent de meubler le temps, pendant qu'ils essayent de remettre l'image à l'endroit."

"Je regardais la Lune depuis ma fenêtre"

Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins vont-ils réussir à faire atterrir Apollo 11 sur la Lune ? Dans les rédactions, on se prépare à toutes les éventualités. François Aubry, jeune secrétaire de rédaction au grand quotidien de l'époque France Soir, se souvient : "Il fallait se préparer à tout, donc on avait fait deux éditions", explique-t-il en décrivant les deux unes prévues. La première consistait en "un court texte où l'on se désolait qu'ils soient morts et l'autre où on avait déjà repris dans les pages intérieures des dépêches, indiquant qu'ils avaient réussi". C'est finalement "la une de droite" barrée d'un immense "ILS ONT RÉUSSI" qui part à l'imprimerie, avec une grande photographie de l'écran de télévision où l'on peut voir Neil Armstrong poser un pied sur la Lune.

Neil Armstrong laisse une empreinte de son pied droit sur le sol lunaire, le 21 juillet 1969. (NASA / AFP)

Chanceux propriétaire d'un téléviseur depuis deux ans, Jean-René Testu, alors âgé de 20 ans, n'a eu aucun doute quant au succès de la mission Appollo 11. Il se rappelle avoir scruté l'écran aux côtés de son frère et sa mère :

Les voix étaient un peu mécaniques, mais l'inquiétude ne transpirait pas. Il y avait du suspense mais on était persuadés qu'ils y arriveraient. On buvait les paroles de la télé.

Jean-René Testu

à franceinfo

Pour ceux n'ayant pas accès aux images, reste le poste de radio où l'évènement est également commenté en direct. A 6 ans, Yves Le Cam est réveillé sur la route des vacances dans le sud de la France. "Mon père s'est arrêté sur une aire de stationnement et on a tous écouté la radio. C'est mon premier souvenir d'enfance très marquant". Dans le Jura, Pierre Fechter est adolescent quand il capte l'évènement dans la chambre d'un petit hôtel, en vacances avec ses parents. "J'ai suivi toute la soirée et toute la nuit sur mon petit transistor le formidable exploit. Je regardais cette lune au travers de la fenêtre en écoutant en direct les commentaires sur Europe 1 de l'extraordinaire Albert Ducrocq", se rappelle-t-il, cinquante ans plus tard.

"J'ai reçu une carte signée des astronautes"

Pour certains, ce moment symbolise un véritable tournant de vie. Des années plus tard, Antoine Bru est devenu pilote de ligne. "Cette envie de voler est née ce jour-là. On sentait la légèreté dans les mouvements quand ils marchaient, ce côté léger, d'envol." Même passion pour Pierre Fechter : "Je suis devenu, depuis ce jour, un fana d'aéronautique et spatiale. J'ai fait toute ma carrière dans l'industrie aéronautique."

D'autres, plus poétiques, ont souhaité transmettre l'émotion de ce moment à leurs enfants. "A l'époque, ma fille était encore dans le ventre de sa maman, se souvient François Aubry. Rentré chez moi, je lui ai écris une lettre. Je lui ai donné bien des années plus tard pour lui parler de cet instant historique." 

Ma fille, pour l'instant toi tu somnoles tranquillement pendant que des hommes marchent sur la Lune.

François Aubry

dans une lettre à sa fille

Annick Guillierme-Lapierre a, elle, tenu à féliciter les astronautes, accueillis en héros à leur retour. "J'avais envoyé à Houston une carte de félicitations et j'ai reçu quelques temps après une carte de remerciements signée par les astronautes. Je l'ai toujours sur mon bureau", confie-t-elle. Et puis, il y a les promesses faites cette nuit marquante, comme celle émouvante de Nydia Kahns-Sciboz : "J'avais dit à mon papa que j'irai à Cap Canaveral. J'y suis enfin allée en 2002. Je voulais réaliser ce rêve, je lui avais promis. J'ai beaucoup pensé à cette nuit d'anniversaire et à mon papa ce jour-là."

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