Espace : six choses à savoir sur le retour sur Terre de Thomas Pesquet, reporté à la nuit de lundi à mardi à cause de la météo
Après avoir passé les commandes de la Station spatiale internationale au Russe Anton Chkaplerov samedi, Thomas Pesquet va rentrer sur Terre mardi. La Nasa a une nouvelle fois annoncé le report de ce retour dimanche, en raison de vents violents sur la zone d'amerrissage.
Un retour de plusieurs heures, sur l'eau et sans toilettes. Après six mois de mission à bord de la Station spatiale internationale (ISS), Thomas Pesquet et les trois autres membres de la mission Crew-2 (le Japonais Akihiko Hoshide et les deux Américains Shane Kimbrough et Megan McArthur) doivent amerrir au large de la Floride (Etats-Unis) mardi 9 novembre à 4h33 (heure de Paris). Ce retour a été plusieurs fois repoussé, notamment à cause de la météo et de vents violents sur la zone d'amerrissage. Le désamarrage de la capsule SpaceX de la Station spatiale internationale, prévu initialement dimanche en fin d'après-midi, est désormais fixé à lundi soir.
La fin d'une aventure formidable : on est prêt à rentrer sur Terre et à retrouver nos proches. Je n’aurais pu espérer de meilleurs coéquipiers pour partir dans l’espace. Je l'ai dit sur le pas de tir, j’y crois toujours fermement après 6 mois ensemble dans une boîte de conserve ! pic.twitter.com/fzqGbjWS5h
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) November 6, 2021
A 43 ans, l'astronaute français termine sa mission "Alpha", sa deuxième dans l'espace. Il était arrivé à bord de l'ISS avec ses co-équipiers le 24 avril. Franceinfo fait le point sur les six choses à connaître à propos de son retour sur Terre.
1Il ne croisera pas ses successeurs à cause de la météo
La météo est très importante pour le retour sur Terre des membres de la mission Crew-2. "Les conditions météorologiques doivent être bonnes, car une fois la descente entamée, rien ne peut arrêter la capsule. Ils peuvent donc attendre jusqu'à 15 heures en orbite avant de recevoir l'ordre" de partir, rappelle Didier Schmitt, responsable de la stratégie et de la coordination du programme d'exploration robotique et humain à l'Agence spatiale européenne (ESA), dans Le Parisien.
Les conditions météorologiques seront également scrutées à la loupe pour le décollage de Crew-3, la mission qui transportera les successeurs de Thomas Pesquet jusqu'à l'ISS. Car les membres de la mission Crew-2 doivent attendre que ceux de Crew-3 arrivent à bord de la Station avant d'en partir. Initialement prévu le 31 octobre, leur décollage a été décalé à cause de la météo, comme l'explique France Bleu. "Il y a des impératifs à respecter pour un lancement et surtout pour un lancement avec des humains à bord", a précisé Philippe Henarejos, rédacteur en chef du magazine Ciel & Espace, à franceinfo le 30 octobre. Et même si tout cela se passe en Floride, dans un Etat américain connu pour son climat clément, en novembre, "la météo est plus capricieuse à cette saison." La Nasa a ainsi une nouvelle fois annoncé, dimanche 7 novembre, le report de ce retour en raison de vents violents sur la zone d'amerrissage.
2L'amerrissage, une première pour lui
Lors de sa précédente mission "Proxima", en 2016-2017, le Français avait atterri dans les steppes kazakhes. L'amerrissage sera donc une première pour Thomas Pesquet, qui a déclaré, vendredi lors d'une conférence de presse, espérer que l'amerrissage soit "un peu plus doux sur l'eau", même si cela risque de "bouger un peu."
"On a déjà un peu le mal de mer en rentrant sur Terre, donc là, en rentrant sur mer, ça risque d'être encore pire, mais on verra bien", a-t-il ajouté. Pour l'heure, impossible de savoir où il amerrira avec précision, puisque l'arrivée sur Terre se fera dans l'une des sept zones prévues dans l'océan Atlantique, précise la Nasa dans un communiqué.
3Les astronautes ne pourront plus utiliser les toilettes lors du voyage
Le mal de mer n'est pas la seule épreuve qui attendra le spationaute et ses collègues. Lors de leur voyage, ils ne pourront pas utiliser les toilettes de la capsule Dragon, à cause d'un problème de fuite. "Ça n'est bien sûr pas optimal, mais nous sommes préparés à gérer cela", a pudiquement commenté Megan McArthur vendredi. Pas de panique, puisqu'"ils portent en permanence des couches qui leur servent notamment pendant les sorties extra-véhiculaires", explique Didier Schmitt au Parisien.
4Le retour sur Terre, un voyage de plusieurs heures
Le retour sur Terre devrait durer plusieurs heures. Si Didier Schmitt, dans Le Parisien, fait état d'une attente de 15 heures en orbite, Thomas Pesquet, interrogé fin octobre par des élèves de l'école d'Ahetze dans les Pyrénées-Atlantiques, s'est montré plus évasif : "A partir du moment où l'on quitte la Station spatiale, ça prend six, sept, huit heures."
Mais ce voyage dépend de plusieurs facteurs, a-t-il précisé : "Des trajectoires, du chemin qu'on prend (...) Et puis ensuite, tout s'accélère un peu à la fin, une fois qu'on fait la rentrée atmosphérique (...) les derniers 100 km d'altitude, on les fait en 15 minutes, peut-être, et on descend très, très vite (...) en tout, ça prend entre six et huit heures."
5L'atterrissage, comme "un petit accident de voiture"
Interrogé par un élève de l'école d'Ahetze, le capitaine de l'ISS détaille les sensations de l'atterrissage : "L'atterrissage en lui-même (...), c'est un choc. C'est comme un petit accident de voiture (...) ça part dans tous les sens, ça tape assez fort (...) mais on est protégés, on a des sièges qui sont faits exprès pour ça. On a nos casques qui nous protègent."
Et ces frottements sont "tellement forts que ça élève la température de la capsule à 1 600 °C", raconte-t-il. "Ça brûle, ça fait une boule de feu autour. On a un bouclier thermique, on est protégé, mais c'est surtout ça qui est un peu impressionnant. On est écrasé par notre poids. Ça bouge dans tous les sens, après on voit des flammes par la fenêtre."
Puis c'est quand le parachute s'ouvre que tout repart "dans tous les sens", "comme dans un panier à salade". "Une fois qu'on est sous le parachute, c'est assez tranquille, se souvient le spationaute. On descend assez doucement, à 9 mètres par seconde, (...) c'est comme si on tombait quand même de trois étages par seconde, mais on est sous parachute et comme on tombe dans l'eau, ça va. C'est un peu mou (...) il n'y a pas d'explosion, pas de fumée".
6Un programme de remise en forme "intense" à son retour
Après son retour sur Terre et quelques tests pour vérifier son état de santé en Floride, Thomas Pesquet sera très rapidement transporté jusqu'à Cologne, en Allemagne, où se trouve le Centre européen des astronautes, centre d'entraînement du corps des astronautes de l'Agence spatiale européenne. Il y suivra "pendant trois semaines un programme intense de remise en forme" et sera soumis aux mêmes tests qu'avant et durant son séjour en apesanteur, afin de contribuer à la collecte de données scientifiques sur l'effet d'un séjour long en orbite sur le corps humain.
Des tests qui s'avèrent indispensables, quand on sait qu'à son retour en avril 2017, Thomas Pesquet avait pris quelques centimètres, qu'il avait reperdus avec le retour sur Terre et la gravité, rapportait à l'époque Alain Maillet, responsable des expériences de physiologie à bord de l'ISS, au micro de France Bleu. Le spationaute avait également perdu de la masse musculaire et subi un vieillissement prématuré des os.
Le retour approche après 6 mois dans l’espace pic.twitter.com/J2z7wFrVzH
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) October 22, 2021
Quelques mois plus tard, il était revenu sur cette expérience, pour Les Echos. : "Au début, j'ai eu du mal à parler parce que les muscles de la mâchoire doivent réapprendre à travailler avec la gravité, confiait-il alors aux Echos. J'avais aussi l'impression d'avoir des élastiques accrochés aux bras. C'était très dur de les lever."
Heureusement, ces désagréments n'ont pas duré. Tout comme, "et c'est plus dommage", "les premières sensations hyper-fortes du retour : la redécouverte des bruits et des couleurs, l'odeur des feuilles, le plaisir de prendre une douche ou de manger des produits laitiers", égrénait-il à son retour. "Là-haut, les yaourts, le beurre, le lait, la crème m'ont sacrément manqué. Je ne suis pas Normand pour rien".
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