Le gouvernement débloque 40 millions d'euros en faveur des harkis
A l'occasion de la Journée nationale d'hommage aux harkis, la secrétaire d'État Geneviève Darrieussecq a présenté des mesures en faveur de ces anciens supplétifs de l'armée française en Algérie. Mais ce plan est loin de satisfaire les associations.
La secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, a présenté, mardi 25 septembre, de nouvelles mesures en faveur des harkis, à l'occasion de la Journée nationale leur rendant hommage, aux Invalides. Ce "plan harkis", inspiré du rapport d'un groupe de travail remis fin juin, comprend le déblocage d'une enveloppe de 40 millions d'euros sur quatre ans, destinée à revaloriser les pensions des anciens supplétifs de l'armée française pendant la guerre d'Algérie et à venir en aide à ceux de leurs enfants qui vivent dans la précarité.
Ce dispositif pour les harkis de la deuxième génération, qui sera accompagné d'une aide personnalisée au retour à l'emploi, "concerne potentiellement quelques milliers de personnes, sur 80 000 à 100 000 individus qui, dans leur grande majorité, se sont très bien intégrés", explique-t-on au ministère.
Exposition nationale et cérémonie d'hommage
Après la reconnaissance, le 13 septembre, de l'enlèvement et de la mort aux mains de l'armée française de l'opposant communiste Maurice Audin pendant la guerre d'Algérie, le gouvernement a ainsi pris une nouvelle initiative. L'objectif est de "travailler sur l'apaisement des mémoires" autour de cette page douloureuse de l'histoire française, a expliqué Geneviève Darrieussecq.
Le gouvernement compte par ailleurs lancer plusieurs initiatives mémorielles portant sur la reconnaissance du sort de cette communauté, dont "une grande exposition nationale sur l'engagement des harkis". Une "cérémonie d'hommage exceptionnelle, présidée par le président de la République" Emmanuel Macron, sera également organisée "dans les prochains mois", a annoncé Geneviève Darrieussecq.
Insuffisant, pour les associations de harkis
Certains membres de la communauté harkie jugent toutefois ces gestes très insuffisants et réclament une réparation bien plus conséquente. "Ces annonces ne nous conviennent pas du tout, a indiqué mardi à l'AFP Mohamed Badi, du Comité national de liaison des harkis. Avec les autres présidents d'associations, nous voulons désormais aller devant la Cour européenne des droits de l'homme pour une loi de reconnaissance et une réparation correcte. (...) Cette journée est de l'enfumage pour faire oublier les raisons de notre mécontentement total."
Sur les quelque 150 000 Algériens recrutés par l'armée française comme auxiliaires durant la guerre d'Algérie, environ 60 000 sont parvenus à partir pour la métropole avec les "pieds-noirs". Mais leur accueil s'est fait dans des conditions précaires (camps, hameaux de forestage et cités urbaines), sans réelles perspectives d'intégration pour eux-mêmes ni leurs enfants. Les autres – entre 55 000 et 75 000 selon les historiens – ont été livrés à leur sort en Algérie et, considérés comme des traîtres par le nouveau régime, victimes de sanglantes représailles.
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