Notre flair n'a rien à envier à celui des chiens, affirment des scientifiques
Selon la revue "Science", les idées reçues sur les faibles capacités olfactives des humains sont liées à un mythe datant du XIXe siècle, liant la baisse de l'odorat au développement du libre arbitre.
S'il y a une chose que l'homme envie au chien, c'est la faculté de sa truffe à sentir les odeurs. Mais l'espèce humaine a-t-elle vraiment un odorat moins développé que celui des autres mammifères ? Il ne s'agit que d'une idée reçue, affirme une étude publiée vendredi 12 mai dans la revue Science (en anglais) : nos nez n'ont rien à envier à ceux des animaux.
Une croyance culturelle ancienne
Pour John P. McGann, chercheur en neurosciences à l'université Rutgers, dans le New Jersey, l'infériorité de l'odorat humain n'est qu'un mythe perpétué depuis le XIXe siècle. A l'époque, le scientifique Paul Broca théorise que l'homme doit sa capacité à avoir un libre arbitre à la croissance du lobe frontal de son cerveau, aux dépens de la partie responsable de l'odorat. Une théorie reprise par des penseurs comme Sigmund Freud.
"Il y a une croyance culturelle ancienne selon laquelle pour qu'une personne soit rationnelle et raisonnable, elle ne peut pas être dominée dans ses actions par le sens de l'odorat, vu comme purement animal", poursuite John P. McGann.
Mais, selon ce chercheur, l'observation scientifique bat en brèche cette théorie : "le bulbe olfactif humain", qui permet au cerveau d'identifier les odeurs, "contient un nombre similaire de neurones que chez les autres mammifères". "Nous pouvons donc nous mesurer, pour la capacité à détecter et à distinguer les odeurs, aux chiens et aux rats, qui comptent parmi les meilleurs renifleurs du règne animal", estime-t-il.
Le chien meilleur pour l'urine, l'humain pour le vin
Par ailleurs, rien n'appuie, selon lui, la notion selon laquelle un bulbe olfactif plus grand par rapport au reste du cerveau confère une supériorité de l'odorat.
Selon l'étude publiée par Science, les humains sont simplement moins sensibles à certaines odeurs que le rat ou le chien, mais plus sensibles à d'autres : les chiens sont probablement meilleurs pour détecter les différentes odeurs de l'urine, mais l'odorat humain est sans doute bien supérieur pour sentir la palette des effluves d'un grand vin.
De plus, l'influence de l'odorat sur le comportement humain, déclenchant des émotions ou faisant ressurgir des souvenirs, prouve, selon John P. McGann, que ce sens est développé chez notre espèce.
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