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Le CHU de Caen au bord de la crise financiĂšre

Les comptes du CHU de Caen sont au plus mal. L'hÎpital ne disposant plus d'une autorisation de découvert bancaire, a du "suspendre" le versement des cotisations patronales et "décaler" le paiement de ses fournisseurs. Le personnel est inquiet pour la qualité à venir des soins, mais compte sur l'Etat pour redresser la barre.
Article rédigé par Mélody Piu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Google Street View Capture d'Ă©cran)

Comme
une majorité d'hÎpitaux français, le CHU de Caen est en difficulté financiÚre.
Le directeur général de l'établissement hospitalier de Basse-Normandie,
Angel Piquemal, a annoncé mardi soir à son personnel "que les banques refusaient de
prĂȘter la totalitĂ© des 80 millions d'euros de trĂ©sorerie, dĂ©couvert nĂ©cessaire
au fonctionnement du CHU
". Face Ă  cette situation, il explique
qu'il a été contraint "de suspendre le versement des cotisations patronales et de décaler
le paiement des fournisseurs, dĂ©calage qui devra ĂȘtre le moins long possible,
car nous sommes conscients de l'impact d'une telle mesure sur leur propre
trésorerie
". Quant aux salaires des employés du CHU, il assure
qu'ils seront payés. 

Un déficit cumulé de 119 millions d'euros

Placé sous tutelle de l'Etat en 2009, avec un trou de trésorerie de 37,2
millions d'euros, le CHU de Caen Ă©tait mĂȘme l'Ă©tablissement le plus dĂ©ficitaire de
France en 2010. Le directeur avait du supprimer 437
postes sur deux ans  et avait vendu du patrimoine à hauteur de 4 millions
d'euros. Malgré les améliorations, il affiche désormais un déficit cumulé de
119 millions d'euros.

"Le CHU a systématiquement
dépensé davantage que les recettes qu'il a perçues. Et c'est au prix d'une
autorisation de découvert qu'il a pu faire face à ses charges courantes"
précise le directeur du CHU.

Les difficultés de trésorerie des hÎpitaux sont
notamment liées aux difficultés de la banque Dexia qui, à elle seule, avait 40%
du marché hospitalier. Mais ce groupe franco-belge, en cours de démantÚlement,
ne peut plus accorder de prĂȘt aux hĂŽpitaux et aux collectivitĂ©s locales, et
trÚs peu d'établissements bancaires ont pu la remplacer. 

Toutefois, le déficit plus prononcé de l'hÎpital
de Caen est également en partie lié à son histoire. Construit en 1975, ce
bùtiment est truffé d'amiante, du sol au plafond. Certains étages, fermés au
public, ne sont mĂȘmes accessibles qu'en combinaison anti-amiante. Les rĂ©parations
et les travaux demandent donc plus de technicité et coûtent donc plus cher
(+30%). 

"Il faut que l'Etat éponge comme en GrÚce"  (un médecin du CHU de Caen)

Jacky Rouelle,
secrétaire FO (syndicat majoritaire) au CHU de Caen, rapporte que "le personnel usé dans un
bùtiment usé se demande s'il va pouvoir continuer à soigner ses patients
". Inquiet, il
ajoute, "On peut craindre que les fournisseurs ne nous livrent plus, d'ĂȘtre
à court de médicaments
". Pour un médecin de l'établissement qui
se dit "à bout ", et consterné par le fait que "la santé dépende des banques ", il faut "que l'Etat éponge comme en GrÚce " pour sauver
l'hÎpital public. 

Pour le
syndicat CFTC, interrogé par Ouest France ; 

  "le CHU ne peut
rĂ©sorber le dĂ©ficit structurel sans l'aide de l'État. On est arrivĂ© au bout du
bout. Le personnel l'a payé assez cher et continue de le payer avec des
conditions de travail trĂšs difficiles
".

De son cÎté, le député-maire PS de Caen,
Philippe Duron, qui préside le conseil de surveillance de l'hÎpital, a affirmé
dans un communiqué que le gouvernement allait apporter "des solutions "
pour le CHU "au tout début d'octobre ". 

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