"Le lithium reste la solution de demain" : Jean-Marie Tarascon, spécialiste des batteries, dévoile ses travaux sur ces nouvelles technologies
Le chimiste Jean-Marie Tarascon a reçu lundi la médaille d'or du CNRS, l'une des plus prestigieuses récompenses scientifiques françaises. Sur franceinfo ce 20 décembre, le pionnier du stockage électrochimique, juge ses travaux "gratifiants" car il peut ainsi "traiter des problèmes fondamentaux émergents et des défis technologiques concrets".
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Tout commence dans les années 1990
Jean-Marie Tarascon travaille alors aux États-Unis, sur un tout autre sujet, les supraconducteurs à haute température. Mais il décide de se spécialiser dans la chimie du solide et l'électrochimie après un tremblement de terre en Californie en 1989, durant lequel il se rend compte que l'autonomie des batteries au plomb est insuffisante. À cette époque, alors que le processus est encore balbutiant, il met donc au point les premières batteries au lithium extra-plates en plastique, présentes aujourd'hui dans certains véhicules électriques. Il décrit sur franceinfo un long processus, avouant qu'il aura fallu "dix ans pour mettre cette technologie au point et voir les premiers accumulateurs de lithium-ion sortir chez Sony".
Le lithium se retrouve alors progressivement dans les appareils électroniques et dans "la mobilité électrique". Cette technologie "occupe plus de 70% des applications, que ce soit de l'électronique, les véhicules électriques et le stockage de masse pour les énergies renouvelables", explique Jean-Marie Tarascon. À travers ses recherches, et les brevets dont il est cosignataire, ce chimiste a permis ainsi de rendre populaire le lithium dont l'extraction est aujourd'hui critiquée pour son côté énergivore. Malgré ces critiques, Jean-Marie Tarascon maintient que ce procédé "reste la solution de demain". Se pose donc la question de sa commercialisation, que le chimiste juge trop lente. "Malheureusement, nous sommes obligés de sous-contracter la production en Chine", déplore-t-il. Le lauréat de la médaille d’or 2022 du CNRS appelle donc à "aller plus vite, à être moins bureaucratique".
Trouver des alternatives au lithium
Autre point abordé par Jean-Marie Tarascon, l'approvisionnement de cette technologie, assuré en grande partie par l'Australie, la Chine et le Chili. Ce chimiste regrette donc que la France "importe à ce jour 98% des éléments qui vont dans la batterie". Il met en avant le projet de mine de lithium prévu à Echassières, dans l'Allier.
Face à cette omniprésence du lithium, devenu ressource stratégique, Jean-Marie Tarascon décide d'explorer de nouvelles pistes afin de pallier d'éventuelles pénuries. Il est alors à l'origine des batteries au sodium qu'il qualifie aujourd'hui d'éventuelle "alternative au lithium". Le chimiste voit dans cette technologie plusieurs avantages, notamment son "éco-comptabilité" et le fait qu'elle soit "plus abondante que le lithium". S'il reconnaît que "le sodium ne sera jamais aussi performant que le lithium", il estime que la batterie sodium-ion est plus adaptée "aux énergies renouvelables".
Après le lithium et le sodium, Jean-Marie Tarascon s'est trouvé un "nouveau dada", "les batteries intelligentes". Il travaille à équiper ces batteries de capteurs, capables de suivre leur état de santé à l'image "d'un passeport électronique de la batterie". Le chimiste espère que "cela devienne réalité dans cinq ou dix ans".
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