Les médicaments deux fois trop chers en France ?
La méthode . À la manœuvre, l'eurodéputée
(EELV) Michèle Rivasi, le président de l'Institut Necker Philippe Even (déjà
auteur d'un livre sur les médicaments inutiles et dangereux) et un pharmacien
lanceur d'alerte, Serge Rader. Des mois de travail pour comparer les
ordonnances et les prix de vente des médicaments dans différents pays d'Europe,
plus spécifiquement les prix en France et en Italie de soixante des médicaments
les plus prescrits.
Résultat accablant . En
baissant massivement les prix des médicaments, comme l'ont fait d'autres pays
européens, la France pourrait économiser dix milliards d'euros par an. Ce qui
signerait la fin du déficit de la branche maladie de la sécurité sociale, qui
accusera en 2013 un déficit de près de huit milliards d'euros.
Un exemple parmi tant d'autres : le Plavix, un fluidifiant sanguin de Sanofi,
ferait économiser 58 millions d'euros à la sécurité sociale s'il était vendu au
prix italien, soit 50 % moins cher qu'en France. Or le Plavix n'est pas
plus efficace que l'aspirine, vendue dix fois moins cher, selon le trio
d'experts.
Même les médicaments génériques sont vendus plus chers en France que de l'autre
côté des Alpes.
Dépenses multipliées par sept
La députée, le médecin et le
pharmacien dénoncent aussi pêle-mêle les ordonnances à rallonge (13,5 millions
d'ordonnances par an comptant plus de dix médicaments), le manque de formation
des médecins sur l'efficacité des nouvelles molécules et le conditionnement des
médicaments, en boites de 28 ou 30 en France, contre 14 en Grande-Bretagne ;
résultat, les Français jettent 10 % des médicaments remboursés par la
sécurité sociale.
Deux chiffres résument la situation
: les Français achetaient pour cinq milliards d'euros de médicaments en 1980.
Et pour 37 milliards d'euros aujourd'hui.
Les préconisations . Le trio
d'experts recommande un sérieux nettoyage de la pharmacopée et une baisse
radicale des prix des médicaments, génériques compris. Mais aussi une remise à
plat du coût de la distribution des produits pharmaceutiques, une meilleure
formation et information des médecins afin d'optimiser la prescription médicale
en coût et en volume.
De son blog, Michèle Rivasi entend
déjà la meute des laboratoires lancer un chantage à l'emploi et à la
délocalisation. Mais l'eurodéputée rappelle que les quinze plus grands groupes
mondiaux du médicament réalisent près de 400 milliards d'euros de chiffre
d'affaires. Dix milliards d'euros d'économies ne représenteraient que 2,5 %
de cet énorme gâteau.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.