Pourquoi dormez-vous moins bien les nuits de pleine lune ?
Avis de pleine lune samedi 19 octobre… Francetv info vous explique pourquoi il y a des chances que vous dormiez un peu moins bien ce soir-là.
Tous les vingt-neuf jours et demi environ, c'est la même rengaine. Vampires, loups-garous, déclenchement des accouchements… La pleine lune porte son lot de folklore. Mais la difficulté à s'endormir les soirs de pleine lune est la croyance populaire la plus ancrée. Et si votre grand-mère avait raison ? Francetv info vous explique pourquoi vous dormez moins bien lorsque la lune est ronde.
Parce que c'est beaucoup dans votre tête
Accouchements plus nombreux, pics de criminalité, animaux plus agressifs, suicides en hausse : les effets de la pleine lune font l'objet de nombreuses idées reçues, toutes démenties par les statistiques. Alors d'où viennent ces croyances ? Le coupable pourrait être la mémoire sélective. "Quand il se produit quelque chose d’inhabituel à la pleine lune, les gens le remarquent et lui attribuent une responsabilité", indique le psychologue américain Eric Chudler à National Geographic (en anglais).
Le sentiment de dormir moins bien les soirs de pleine lune vient lui aussi en partie de cette mémoire sélective. "Si vous vous réveillez avec une luminosité plus importante que d'habitude, vous attribuez votre réveil à la lune. C'est un phénomène connu : un lien d'association spontané sans lien de base", explique à francetv info le docteur Claude Gronfier, chronobiologiste à l'Inserm.
"Mais si vous dormez moins bien, c'est aussi que vous vous conditionnez à moins bien dormir selon votre croyance, analyse Jérôme Bellayer, auteur de Sous l'emprise de la lune. De la même façon, les admissions à la maternité sont plus nombreuses les soirs de pleine lune car certaines femmes se persuadent qu'elles vont accoucher."
Parce que c'est aussi physiologique
Mais la mémoire sélective ne fait pas tout. Le chronobiologiste suisse Christian Cajochen et son équipe ont apporté, cet été, les premières preuves tangibles de l'action de la lune sur le sommeil. Le chercheur "a attendu trois ou quatre ans avant de publier les résultats, tant il était surpris", révèle le docteur Claude Gronfier. Car l'étude (PDF en anglais), publiée dans la revue scientifique Current Biology (en anglais) est une grande première.
Entre 2000 et 2003, l'équipe a étudié 33 personnes en laboratoire pour mesurer les différences de sommeil selon le genre et l’âge. Ce n'est que six ans plus tard que les chercheurs sont revenus sur leurs données pour les comparer avec le cycle lunaire. A aucun moment les sujets n'ont donc été au courant de l'étude et leurs croyances personnelles n'ont pas pu influencer les résultats. En outre, "les sujets ont été plongés dans l'obscurité la plus totale et n'avaient pas conscience que c'était la pleine lune", précise le docteur Gronfier.
Les résultats montrent qu'en moyenne, les participants mettent cinq minutes de plus à s'endormir les soirs où la lune est ronde. De plus, leur temps total de sommeil est réduit de vingt minutes. Mais ce n'est pas tout. Les chercheurs mettent en évidence que le taux de mélatonine, l'hormone du sommeil, est largement plus bas les nuits de pleine lune. Enfin, les électroencéphalogrammes montrent une baisse de 30% de l'activité cérébrale pour les ondes delta, émises lors du sommeil profond, ce qui est caractéristique d'une mauvaise qualité de sommeil. "Pour le moment, personne n'est capable d'expliquer ces résultats, qui mettent en évidence l'impact modeste mais significatif de la pleine lune sur le sommeil", souligne le docteur Gronfier.
Parce que nous aurions une "horloge interne lunaire"
Comment la lune peut-elle influencer notre sommeil ? Les scientifiques rejettent les effets de la gravitation sur le corps humain. En effet, si sa variation au cours du cycle lunaire affecte les marées des océans, elle n'agit que de façon très infime sur les petits volumes comme les lacs, explique l'étude.
De la même façon, la variation du champ magnétique ne peut pas être retenue. "La différence du champ magnétique de la Terre à la pleine lune est extrêmement faible au sol, à tel point que nous avons bien du mal à la mesurer", explique le géophysicien Gaultier Hulot dans Science et Vie.
Reste donc pour les chercheurs suisses une piste assez plausible : l'existence d'une horloge interne circalunaire, comparable à l'horloge circadienne, qui rythme les activités biologiques diurnes et nocturnes de notre corps. "Cette piste repose sur des données de biologie animale, car certaines espèces, comme les iguanes marins des Galapagos, ont des rythmes mensuels circalunaires. Rien ne dit que cette horloge existe chez d'autres animaux que les reptiles. Mais c'est une hypothèse solide", commente le docteur Gronfier.
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