Six ans après, le procès des irradiés d'Epinal
Le procès du plus grave accident de radiothérapie en France s'ouvre aujourd'hui. Entre 2001 et 2006, plus de 450 patients ont subi des surdoses de radiations.
FAITS DIVERS - C'est un procès inédit. Celui du plus grave accident de radiothérapie survenu en France, à l'hôpital d'Epinal (Vosges), où près de 450 patients ont été surirradiés entre 2001 et 2006, dont Michel Noël, qui confie sa détresse à nos confrères de France 2. Les audiences débutent lundi 24 septembre à Paris, pour juger sept prévenus dont deux médecins, un radiophysicien et des cadres de santé publique.
Quelles erreurs ont été commises ?
Deux séries de dysfonctionnements ont été identifiées. Tout d'abord, des erreurs de paramétrage d'un logiciel, à l'occasion du passage à une nouvelle génération d'appareils en 2004. Ainsi, vingt-quatre patients traités pour des cancers entre mai 2004 et août 2005 ont reçu une surexposition de l'ordre de 20%.
Mais la justice se penche sur une autre erreur. Les doses délivrées lors des contrôles radiologiques, avant le traitement lui-même, n'auraient pas été prises en compte dans le calcul final des radiations. Au total, 424 patients auraient ainsi été victimes d'une surdose, entre 8 et 10%, de 2001 à 2006.
Plusieurs dizaines de victimes de ce drame seront présentes à l'ouverture de l'audience, au tribunal correctionnel de Paris. Une retransmission vidéo sera organisée au tribunal de grande instance d'Epinal pour les parties civiles et leurs proches qui ne peuvent pas se déplacer.
Qui figure sur le banc des accusés ?
Deux radiothérapeutes, Jean-François Sztermer et Michel Aubertel, ainsi que le radiophysicien Joshua Anah, sont poursuivis pour homicides et blessures involontaires ainsi que non-assistance à personne en danger. La directrice de l'hôpital, ainsi que la directrice de la Ddass et le directeur de l'agence régionale d'hospitalisation (ARH) de Lorraine de l'époque, sont poursuivis pour non-assistance à personne en danger.
Les premières plaintes ont été déposées en 2006. Six ans plus tard, après une instruction menée au pôle santé de la capitale, les anciens patients de l'hôpital Jean-Monnet d'Epinal veulent comprendre comment ces erreurs ont pu être commises dans cet établissement départemental de référence. Et pourquoi ils ont été si peu informés pendant l'enquête.
Un comité d'indemnisation a été mis en place en février 2008 par Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, rappelle le site de La Croix. Le directeur de l'hôpital assure qu'aujourd'hui, "pratiquement toutes les victimes ont été indemnisées. A ce jour, nous avons versé un total de 14 millions d’euros."
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