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37e campagne des Restos du cœur : "L'isolement est de plus en plus fort", se désole le président de l'association

L'association annonce qu'elle va doubler le nombre de ses camions itinérants.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Patrice Douret, président des Restos du cœur, le 29 juin 2021. (NICOLAS PARENT / MAXPPP)

"L'isolement est de plus en plus fort", qu'il soit physique ou numérique, se désole le président des Restos du cœur Patrice Douret mardi 23 novembre sur franceinfo alors que l'association lance sa 37e campagne d'hiver de récolte de dons, sur fond d'aggravation de la précarité depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19.

franceinfo : Constatez-vous sur le terrain que la précarité a augmenté en France ?

Nous avons réalisé une étude l'an dernier via notre observatoire qui montre que 15 % des personnes qui sont nouvelles aux Restos du cœur sont des personnes qui ne seraient pas venues avant la crise sanitaire. Ce qui nous inquiète aussi, c'est une augmentation très forte de nos activités de rue, toutes les personnes qui viennent rencontrer nos équipes de maraudes ou de camions du cœur, et cette augmentation est assez forte puisqu'elle est de 25 % en 2 ans. La précarité affecte toutes les catégories d'âge. Il y a un nombre important de jeunes qui représentent 50 % des personnes que l'on accueille mais l'aggravation de la situation de précarité des personnes que nous connaissions avant est aussi marquée. On constate également un phénomène qui est important, à savoir l'isolement qui est de plus en plus fort, qu'il soit physique avec des personnes de plus en plus éloignées de nos dispositifs et de tous les dispositifs des associations de solidarité mais également un isolement numérique qui est de plus en plus marqué.

Allez-vous développer les unités mobiles des Restos du cœur pour aller vers ces personnes isolées ?

Nous avons en effet des camions itinérants, des véhicules dans lesquels nous avons de l'aide alimentaire mais également des bénévoles qui sont formés pour répondre à d'autres besoins d'accompagnement et d'aide à la personne. Nous allons multiplier par deux le nombre de ces véhicules qui approchera donc des 70. Ce sont des camions qui parcourent les territoires et qui vont au plus près des personnes accueillies et des personnes en difficulté pour justement leur éviter ce déplacement qui parfois est coûteux, parfois est difficile ou tout simplement impossible car elles n'ont pas forcément de véhicule. Quand elles en ont un, il faut acheter de l'essence et c'est de plus en plus cher. Et puis quand on est en grande difficulté, il y a une forme d'abattement. Quand les difficultés s'accumulent on reste chez soi et on n'a pas forcément la volonté de se déplacer donc nous on vient, on crée ce lien social, on redonne confiance en soi et ça permet également de pouvoir les accompagner. On leur tend la main un petit moment, le temps qu'elles puissent s'en sortir et ensuite elles peuvent rejoindre des dispositifs qui ont des activités complètes.

Vous avez mentionné l'isolement numérique. Touche-t-il uniquement les plus âgés ou aussi les jeunes ?

Il concerne toutes les catégories d'âge. Pendant la crise sanitaire, on a vu des étudiants qui étaient en difficulté. L'isolement numérique peut être aussi l'absence de matériel ou de réseau internet pour pouvoir se connecter. Nous avons, en France, un peu plus de 200 ateliers informatiques qui ont fait cet accompagnement. Ce sera indispensable de poursuivre leur développement pour pouvoir répondre à ce besoin qui est important.

"Quand on n'a pas la possibilité d'accéder au numérique, à internet notamment, c'est l'accès au droit ou les formalités des démarches qui sont impossibles."

Patrice Douret, président des Restos du cœur 

à franceinfo

On voit venir dans nos centres d'activité des personnes qui, faute de pouvoir s'inscrire pour aller chercher un emploi, une formation, accéder à un emploi ou à une aide particulière, elles viennent chez nous parce qu'en milieu, en cours de mois, elles ont un besoin et elles viennent pour qu'on leur facilite cette connexion.

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