Adoptions internationales illicites : le gouvernement reconnaît des "manquements collectifs" après la publication d'un rapport dénonçant "d'importantes dérives"

Il est "établi" que "les autorités publiques avaient été précocement alertées et ont tardé à prendre les mesures qui s'imposaient", souligne la mission d'inspection interministérielle, qui a rendu son rapport mercredi.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Une fille et sa mère de famille d'accueil, à Istambul (Turqui)e, le 8 janvier 2022. (Image d'illustration) (ALI ATMACA / ANADOLU AGENCY / AFP)

Une reconnaissance de "manquements collectifs", mais pas d'excuses. Le gouvernement a reconnu, mercredi 13 mars, des "manquements collectifs (...) dans la protection due aux enfants" ayant été adoptés à l'international ayant entraîné des "conséquences jusqu'à leur vie d'adulte", a indiqué le secrétariat d'Etat à l'Enfance dans un communiqué, après la remise d'un rapport sur les pratiques illicites dans les adoptions internationales.  

Le même jour, une mission d'inspection interministérielle, mandatée en novembre 2022, a rendu un rapport de 118 pages à la ministre chargée de l'Enfance et des Familles, Sarah El Haïry, et au ministre délégué chargé de la Francophonie et des Français de l'étranger, Franck Riester. Elle appelle la France à "reconnaître" officiellement et "sans détours" des "carences collectives" et à prendre "en considération" les "conséquences" dommageables pour les adoptés. "L'essor de l'adoption internationale dans un contexte non ou peu régulé s'est accompagné d'importantes dérives", reconnaissent les inspecteurs, qui ont procédé à 179 auditions.

"Un marché potentiellement très lucratif"

L'adoption est devenue "un marché potentiellement très lucratif, suscitant l'émergence de nombreux intermédiaires. Le versement d'importantes sommes d'argent pour faciliter les opérations, ou le recueil d'un consentement parental en réalité très peu éclairé, semblent avoir été des pratiques courantes", ajoutent les auteurs du rapport. L'adoption a "donné lieu à de véritables trafics fondés sur la falsification de pièces pour rendre un enfant adoptable, la 'production' d'enfants pour adoption, le vol d'enfants à la maternité...", poursuivent-ils. Il est "établi" que "les autorités publiques avaient été précocement alertées et ont tardé à prendre les mesures qui s'imposaient", observe la mission.

"La reconnaissance des manquements des autorités et du caractère systémique des pratiques illégales est importante. Mais pour les victimes et ceux qui ne retrouveront jamais leur famille, des excuses publiques étaient attendues", regrette Céline Breysse, fondatrice du Collectif des adoptés du Sri Lanka.

L'adoption internationale s'est développée à partir des années 1960, avec un pic de 4 079 enfants adoptés en France en 2004, avant de refluer, à mesure qu'elle était encadrée par des traités internationaux et davantage contrôlée, pour s'établir à 232 enfants en 2022. Quelque 120 000 Français ont été adoptés à l'étranger depuis 1945, selon ce rapport.

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