Affaire des "écoutes" : à peine ouvert, le procès de Nicolas Sarkozy est suspendu dans l'attente de l'expertise médicale de l'un de ses coprévenus
Appelé à comparaître aux côtés de l'ancien président de la République et de son avocat, Thierry Herzog, l'ancien haut magistrat Gilbert Azibert était absent à l'ouverture des débats, lundi, pour raisons de santé.
Une audience rapidement mise sur pause. Le procès de l'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy, de son avocat Thierry Herzog et de l'ancien haut magistrat Gilbert Azibert a été suspendu, lundi 23 novembre, alors que les débats se sont ouverts devant une cohue de journalistes et avec des mesures de sécurité drastiques et un protocole sanitaire strict. Soupçonnés d'avoir tenté d'obtenir des informations secrètes en marge de l'affaire Bettencourt, les trois prévenus sont principalement renvoyés pour "corruption" et "trafic d'influence", dans l'affaire dite des "écoutes". Le tribunal correctionnel de Paris a ordonné une expertise médicale "pour être pleinement informé sur l'état de santé de Gilbert Azibert". Ses conclusions seront rendues jeudi, avant 9 heures. D'ici là, l'audience est suspendue.
Au tribunal de statuer, ensuite, sur un éventuel renvoi du procès. C'est ce que Dominique Allegrini, le conseil de Gilbert Azibert, âgé de 73 ans, a plaidé, lundi, devant le tribunal. "Compte tenu de son âge et de son dossier médical, il lui est très fortement déconseillé de se déplacer", clame l'avocat, debout. Après avoir ajusté masque et micro, il précise que son client a des problèmes "de tension", ainsi que des soucis "respiratoires et cardiaques". En pleine épidémie de Covid-19, il est donc considéré comme une personne à risque. "La pandémie s'est imposée à lui comme elle s'est invitée chez nous tous", expose Dominique Allegrini.
Nuée de micros et de caméras
Une fois de plus, le coronavirus a fait irruption dans un procès très attendu. Ce n'était pourtant pas lui qui était très attendu, mais Nicolas Sarkozy. Car pour la première fois sous la Ve République, un ancien chef de l'Etat comparaît devant un tribunal. C'est donc vers lui qu'une nuée d'appareils photo, de micros et de caméras se tendent, lundi, à distance raisonnable. Mais Nicolas Sarkozy file dans la salle d'audience sans un mot pour les médias. En costume-cravate noir, un masque chirurgical sur le visage, il se dirige tout droit vers Thierry Herzog, son ami, avocat et désormais coprévenu. Les deux hommes se saluent poing contre poing. Conscient que les 35 journalistes autorisés à suivre le procès dans la salle d'audience le scrutent, Nicolas Sarkozy est pourtant tout à fait à son aise. Il discute avec les avocats de la défense.
Le tribunal entre dans la salle et le brouhaha cesse. Le greffier procède à l'appel. Deux personnes se sont constituées parties civiles, dont Paul Bismuth, l'ancien camarade de classe de Thierry Herzog, que ce dernier a choisi comme nom d'emprunt pour ouvrir une ligne téléphonique et discuter avec Nicolas Sarkozy. Paul Bismuth n'est pas là, mais ses avocats le représentent. Parmi les quatre témoins cités (deux par le parquet, deux par la défense), un seul est présent : Patrick Sassoust, magistrat, entendu sous le régime de la garde à vue au cours de l'enquête menée dans cette affaire.
"Nicolas Sarkozy, simplement"
Mais à nouveau, c'est vers Nicolas Sarkozy que les regards se tournent. Il est invité à décliner son identité. Son nom complet est mentionné : Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa. "Nicolas Sarkozy, simplement, ça ira", intervient l'intéressé face à la présidente du tribunal. "C'est pour le casier judiciaire", précise Christine Mée. "Pour le moment, pas besoin de l'utiliser", rétorque Nicolas Sarkozy, qui écarte les bras et hausse les épaules.
"Le président Sarkozy souhaite que je le rappelle : il est présent, il est là", intervient, par la suite, Jacqueline Laffont, l'avocate qui le représente. Elle ajoute que Nicolas Sarkozy a "pris ses dispositions" pour assister au procès. L'avocate de l'ancien chef de l'Etat a la parole pour répondre à la procureure, qui requiert l'utilisation de la visioconférence pour que Gilbert Azibert puisse comparaître. Mais, tout comme au procès des attentats de janvier 2015, les avocats s'opposent en bloc à entendre par écran interposé une personne jugée, décision que Jacqueline Laffont ne pourra "jamais cautionner". "Je souhaite que le tribunal puisse se faire une idée de la sincérité de son propos", plaide de son côté l'avocat de Gilbert Azibert. Le tribunal rendra sa décision jeudi à 13h30.
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