Cet article date de plus de cinq ans.

Agressions de pompiers : "On ne va pas mettre un gilet pare-balles pour chaque intervention"

Sébastien Bouvier, adjudant-chef des sapeurs-pompiers professionnels à Bourg-en-Bresse, en charge des SDIS pour la CFDT, revient sur franceinfo sur la hausse du nombre d'agressions déclarées par les sapeurs-pompiers en 2017.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des pompiers interviennent à Bobigny le 11 février 2017. (PATRICK KOVARIK / AFP)

Le nombre d'agressions déclarées par les sapeurs-pompiers en intervention a continué de grimper de 23% en 2017, selon les chiffres publiés mercredi par le ministère de l'Intérieur. Sébastien Bouvier, adjudant-chef des sapeurs-pompiers professionnels à Bourg-en-Bresse, en charge des SDIS pour la CFDT, avance des explications liées à l'uniforme, et propose des solutions, comme une meilleure coordination avec les forces de l'ordre.

franceinfo : Comment expliquer l'augmentation des agressions contre les pompiers ?

Sébastien Bouvier : On est un service public. On porte un uniforme. Souvent, le parallèle est fait avec la police, les gendarmes. C'est l'uniforme. Ils pensent qu'on est des fonctionnaires d'Etat, donc ils pensent qu'on est là pour représenter l'Etat. On reçoit comme les autres. Alors qu'on est là pour sauver des gens. Nous, on constate sur le terrain l'évolution de la société. Il y a dix ou quinze ans, il y avait déjà ce début d'insulte. Mais elles ont augmenté. Maintenant on est pris à partie. On doit faire face à cela. On doit évoluer sur nos techniques pour essayer de nous protéger et être en permanence sur le qui-vive.

Quelles solutions faut-il mettre en place ?

Les agressions sont de plus en plus violentes. Il faut faire un travail en amont. Il y a des départements qui ont mis en place des plateformes communes. Avec ces échanges interservices, police, pompiers, Samu, on peut mettre en place un code départ, en terme de prévention à l'appel au 18, où on peut prendre plus de renseignements, s'assurer que la police doit venir dès le départ et qu'on n'a pas besoin de les attendre. Et s'il n'y a pas de risque, s'il n'y a pas d'obligation d'intervenir, il vaut mieux attendre les forces de police que de se mettre en danger.

Être mieux accompagné, c'est une vraie solution ?

Il y en a plusieurs. Il y a le numéro unique, le 112, parce qu'on va mettre en liaison avant l'intervention toutes les forces, police, gendarmerie et pompiers. Ensuite sur l'intervention, on demande d'avoir de la formation pour qu'on puisse prendre en compte les situations qui peuvent évoluer. Ce sont des formations de comportements, pour que, lorsque cela commence à chauffer et devenir dangereux, on préfère se retirer et attendre les forces de police. Le matériel est présent, mais il faut savoir quand il faut l'équiper. Il ne faut pas qu'on généralise le port d'un gilet pare-balles. Lorsqu'on transporte un détenu de la prison vers l'hôpital, le port d'un gilet pare-balle est plus que nécessaire. Mais on ne va pas mettre un gilet par-balle pour chaque intervention. Ce qui est essentiel, c'est qu'au départ on ait les informations, que l'opérateur ait posé les questions, ait fait un protocole, en sachant que les forces de police et gendarmerie se présentent aussi. Cela nous permet de prendre du recul.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.