Les faits antisémites en France en hausse de 192% au premier semestre 2024, par rapport au premier semestre 2023

Un an après le 7-Octobre, le ministère de l'Intérieur observe une tendance à la hausse qui "semble s'inscrire dans la durée", et s'inquiète d'un "rajeunissement de l'antisémitisme".
Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Manifestation contre l'antisémitisme, à Montpellier (Hérault) le 27 août 2024 (PASCAL GUYOT / AFP)

Les faits antisémites en France sont au plus haut et ont bondi de 192% au premier semestre 2024 par rapport au premier semestre 2023, selon une note de la Direction nationale du renseignement territorial (DNRT) au ministère de l’Intérieur, confirmant une information de L'Express : 887 faits antisémites ont été recensés sur les six premiers mois de cette année. "Cette tendance à la hausse faisant suite aux attentats perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023 semble s'inscrire dans la durée, en corollaire du conflit au Proche-Orient qui perdure", analyse le renseignement territorial.

Selon ces derniers chiffres disponibles qui donnent l'ampleur du phénomène en France, plus d’une agression raciste sur deux concerne un juif. C’est ce que révèle cette note qui a recensé les atteintes antisémites ayant fait l’objet d’une plainte ou d’un signalement entre janvier et juin 2024. Les agressions antisémites, les insultes et les menaces représentent ainsi 58 % de l’ensemble des agressions racistes et antireligieuses dans le pays. C'est un niveau inédit.

Les atteintes aux lieux de culte et cimetières ont, elles, doublé en un an (45 faits au premier semestre 2024, contre 25 faits en 2023). "Cette hausse avait été relativement contenue lors du dernier trimestre 2023, notamment grâce aux mesures de renforcement de la sécurisation des lieux de culte hébraïques", notent les renseignements territoriaux. "L'allègement progressif du dispositif de sécurisation statique de ce lieux sensibles constitue par ailleurs un point de crispation pour les représentants de la communauté juive".

Une agression antisémite sur deux est perpétrée en Île-de-France

La moitié de ces faits antisémites ont été recensés en Île-de-France, notamment dans le Val-d’Oise. Les régions Paca et Auvergne-Rhône-Alpes et le département du Bas-Rhin sont également très concernés. La ville de Nice est aussi particulièrement exposée depuis l’attaque du Hamas, avec 38 faits antisémites recensés contre deux seulement les mois précédents.

Ces atteintes fluctuent au gré des actualités : après le bombardement du camp palestinien de Rafah, à Gaza le 27 mai dernier, qui a fait  45 morts et 249 blessés, les atteintes antisémites ont fortement augmenté dans les semaines qui ont suivi. De même tout au long du mois de juin 2024, les renseignements territoriaux ont collecté plus de 229 faits antisémites, au moment des élections européennes et de la dissolution de l’Assemblée nationale sur fond de polémiques autour du Proche-Orient.

Ce qui inquiète particulièrement les enquêteurs, c’est la progression des atteintes antisémites chez les plus jeunes. Dans les écoles, les collèges ou les lycées, les atteintes antisémites ont doublé en un an. Cela témoigne, écrivent les renseignements territoriaux, d’un "rajeunissement de l’antisémitisme" et de l’imprégnation à long terme d’une frange de la population avec une banalisation progressive des actes les plus graves, ce qui laisse entrevoir une nouvelle année record dans le recensement des actes antisémites.

Selon l’Agence juive pour Israël, 1 660 citoyens français de confession juive ont décidé de faire leur Alya et de rejoindre l’Etat hébreu. C’est 50 % de plus que l’an dernier à la même époque.

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