Cimetière juif alsacien profané : "Il faut que le silence s'arrête", estime le président du consistoire israélite du Bas-Rhin

"Il faut que le silence s'arrête, ce silence conduit à la banalisation", a dénoncé Maurice Dahan, président du consistoire israélite du Bas-Rhin mardi 19 février au micro de franceinfo. Cette réaction survient après qu"'environ 80 tombes" du cimetière juif de Quatzenheim, un village de 800 habitants situé à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Strasbourg, a été profané dans la nuit de lundi à mardi.

franceinfo : Votre première réaction après la découverte de cette profanation ?

Maurice Dahan : Dans l'immédiat, je suis encore dans l'émotion, avec un sentiment de révolte. Ce n'est pas le premier cimetière profané en Alsace, ces derniers mois. Des familles m'appellent pour savoir si la tombe de leurs parents ont été profanées. Le relevé des tombes va se faire et n'est pas terminé. Nous attendons le passage de la police scientifique. Quelle lâcheté, quelle lâcheté ! Sortir la nuit pour aller taguer des tombes, dont certaines, les plus anciennes, sont de 1795. Que veulent ces gens-là ? Qu'est-ce qui leur permet de faire ça dans la France d'aujourd'hui ? Est-ce le manque de répression ? Est-ce un échec dans l'éducation ? Est-ce le silence qui a entouré tous ces actes antisémites depuis des semaines ? Qu'est-ce qui leur donne cette liberté d'action, de hurler leur haine des juifs comme ils le font ?

Avez-vous le sentiment que votre région, l’Alsace, soit particulièrement touchée par ces attaques ?

Cette région est particulièrement concernée, regardez ce qui s'est passé depuis le mois de novembre dans le Bas-Rhin et particulièrement dans le nord du département : de nombreux tags antisémites qui insultaient le président de la République, qui l'assimilaient comme étant asservi aux juifs, le préfet de la région qui s’est fait insulter également.

Pourquoi ce climat maintenant, selon vous ?

On connaît plusieurs défaites dans notre pays et il faut que l’on remonte vite parce que notre pays en est capable. La première, c'est l'éducation. Il faut que les gens apprennent à se connaître et qu'il n'y ait plus de territoires perdus dans notre République. Il faut que nous rendions nos jeunes amoureux des valeurs de la République. La répression doit être à la hauteur du poison qu'est l'antisémitisme comme l'a dit Monsieur Castaner. Il faut que le silence s'arrête, ce silence conduit à la banalisation. Les partis politiques se réunissent ce soir, enfin. Il faut que s'arrête les déclarations d'intention. Le complotisme, le conspirationisme gagnent du terrain dans notre pays, il faut que nous l'arrêtions. Il faut que les partis qui se croient ou qui se disent républicains réagissent de manière sérieuse et sans compromis.